Programme from 14 to 19 May 1921



Booklet

Bron: FelixArchief nr. 1968#264

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CINÉ-RE­VUE —

À ocvv4

TAILLEUR, pour Dames et Mess.​eurs. Henri Ju­vyns, 131,rue de Bra­bant, Brux­elles.

BI­JOUTIER. Ernest Raug­niet, 5, rue du Tab­ora (rue au Beurre), Brux­elles. Spécialité de pièces sur com­mande.

AUTOS. Tal­bot Dar­racq (R. Ey­cken & J. Tal­boom), 29, rue de la Paix, Brux­elles. Téléphone: 127.94.

AUTOS (Répa­ra­tion). L’Auto Mécanique, 10, rue Jules Fran­qui, Brux­elles.

PNEUS. Le pneu HEVEA est le pneu tri­om­pha­teur. Réclamez-le dans tous les garages.

TICK­ETS, BOBINES, BLOCS-DU­PLEX. Ed.

Odry-Mom­mens, 17, rue d’Idalie. Tél, Lintb. 63, Brux­elles.

LIN­GERIE Bi­chon Sœurs, 269, av­enue Ro­gier, Brux­elles.

CORSETS SUR MESURES, Lin­gerie et Blouses.

Rachel Van Driess­che, 44, rue Les-brous­sart, Brux­elles.

MODES, Jour­naux de Modes. Jean Félix, 20, rue Al­bert de La­tour, Brux­elles.

PUB­LICITÉ Aug. Del­mar­cel, 25, rue Dupré.

Jette-Brux­elles. Tél.: Brux. 166.59, Con­ces­sion­naire de la pub­licité dans Ciné-Re­vue. s

POIS­SON­NERIE Thiele­mans, 16-18, quai aul Briques. Tél. Brux­elles 8815.

HUITRES. Léon Bernard, 7, rue du Tab­ora (rue au Beurre), Brux­elles, Tél.: 4579.

RESTAU­RANT. A la Renommée, 87, rue Saint-Lazare, Brux­elles, Tél.: 8789.

RESTAU­RANT. Restau­rant du Filet de Sole.

Le ven­dredi, sa bouil­l­abaise. Tél.: 6612, Brux­elles.

RESTAU­RANT. Restau­rant du Savoy, les jours de courses, ses déje­uners à prix iixe servis, rapi­de­ment. Retenir sa table. Tél.: 125.06 Brux­elles.

LA GRAPHOLO­GIE vous révélera le car­actère in­time et les in­stincts de ceux qui vous intéressent. Adressez les doc­u­ments (let­tres signées et en­veloppées par ex­em­ple) avec bon- de poste de cinq francs pour es­quise de car­actère, 10 francs pour étude complète, à M. Le­v­a­tor, aux bu­reaux de la Ciné Revue, 10, rue Charles De Coster.

C. D. est prié de don­ner son adresse pour réponse.

NOTRE VEDETTE

Henri Myrieil

Henri Myr­ial est le type par­fait du sports­man. Auto, moto, canot, nata­tion, n’ont aucun se­cret pour lui. Cav­a­lier ac­com­pli, i! pour­rait ren­dre des points aux meilleurs cow boys.

Après maints rôles épisodiques, il tour­nait un grand film où on au­rait enfin pu l’apprécier, lorsque la guerre éclata.​En 1917, il est en con­va­les­cence à Nice, lorsque Feuil­lade lui fait jouer Ruo dans Tih Minh. Démo­bilisé, il cfet pris par Nal­pas (Tris­tan et Yseult). Ce grand film n’est pas ter­miné que Paul Plon en­gage Myr­ial pour tourner le pre­mier rôle de Un Homme a passé par là\ En­suite Navarre le re­tient pour jouer le rôle prin­ci­pal de Reine Lumière. Actuelle­ment, Mar­iand vient de lui faire com­mencer Drame d’Amour.

Henri Myr­ial est, comme on le volt, un de nos plus bril­lants es­poirs. La guerre, qui longtemps arrêta son essor, aviva par con­tre son amour de l’Art Muet. Car Myr­ial est un sincère, un con­va­incu, un con­scien­cieux. Myr­ial ira où est l’Art et non où est l’ar­gent.

Qoitrine Op­u­lente

-- en 2 mois par les Pilules Qaléglnes. Les Pilules Galéginos sont in­com­pa­ra­bles — I pour dévelop­per et raf­fer­mir les seins, ef­facer les sail­lies os­seuses, combler les salières ei don­ner à la poitrine des con­tours har­monieux et séduisants. Elles sont ab­sol­u­ment in­of­fen­sives et elles réus­sis­sent aussi bien chez la femme que la jeune fille. Traite­ment facile à suivre en se­cret. Prix: 5 francs dans toutes les bon. pharm, et au dépôt général Pharm. Mon­di­ale, 65, rue Ant.-Dansaert, Brux­elles. Méfiez-vous des con­trefaçons sans valev •.

LIÈGE: Pharm. Goossene, 98, rue de la Cathédrale. AN­VERS: Phar­ma­cie-Droguerie, 115, rue Mon­tigny GAND: Pharm. Ver­gae­len, 45, rue des Champs. CHARLEROI: Pharm. Sohet, 15, mede Marcinelle. NAMUR i Pharm. Chisogne, 2, rue Gode­froid. MONS: Pharm. Her­mans, 19, rue de l’Athénée, OS­TENDE: Pharm. Halewyck, Place d’Armes, 12

1921.

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L’Aboyeur du cinéma

N’hésitez pas, Mes­dames et Messieurs: en­trez! Pour 1,25 fr. aux sec­on­des, 2,50 fr. aux premières, vous aurez deux heures, de spec­ta­cle de

tout pre­mier ordre: vues de voy­ages, su­jets comiques, pièces dra­ma­tiques et les faits divers du jour. On entre con­stam­ment; prenez vos bil­lets, prenez vos places!...

Par Georges Gar­nir.

Ainsi s’ex­pli­quait l’ahoyeur, sur le seuil de la porte d’entrée du cinéma.

Le pas­sant fut frappé du tim­bre de sa voix; il s’arrêta, le dévis­agea... Et, sous les traits fa­tigués, sous les cheveux poivre et sel que couron­nait le bord grais­seux d’un cha­peau mou, il retrouva soudain une fig­ure familière d’autre­fois, d’un loin­tain autre­fois, .Je l’autre­fois des années de i a collège.

Oui, c’était lui: il le revoy­ait, sur le troisième banc de la classe, rose et poupin, un peu bébôte, mais pas méchant: il avait, déjà, une voix forte, timbrée,avec des réson­nances graves. Et sa mère qui, sou­vent, le con­dui­sait à l’école, aimait à répéter: « C’est dom­mage qu’il n’a pas d’or­eille: s’il savait dis­tinguer l’air du Clair de la Lune de la Marsel­laise, on en ferait -un chanteur de grand opéra; enfin, tel qu’il est, nous en fer­ons un av­o­cat fameux... »

Le pas­sant se rap­pelait tout cela et com­ment, déjà, l’aboyeur met­tait en œuvre ses tal­ents de fort-en-gueule, voire môme son courage de fierà-bras, pour se dis­puter et s’em­poigner avec le pro­fesseur de­vant une classe vi­brante d’en­t­hou­si­asme, jusqu’à ce que l’ex­pul­sion suivît. A la sor­tie de l’Athénée, c’était lui qui entraînait les ga­lop­ins à la ren­con­tre des élèves des Jésuites; c’était lui qui les por­tait à l’at­taque en hurlant, les fai­sait se bat­tre avec leurs « calepins », avec leurs règles, avec le para­pluie que leurs bons par­ents leur avaient donné pour un plus noble usage...

Plus tard, il se mêlait aux man­i­fes­tai ions poli­tiques, fai­sait sa parfie de bravos ou de huées dans l’au­di­toire des meet­ings, s’en­rouait à con­spuer l’ora­teur du parti ad­verse, ova­tion­nait le can­di­dat de son cœur et finis­sait assez régulière­ment par aller s’ex­pli­quer au poste, avec le com­mis­saire de po­lice.


Ces différents ex­ploits, assurément méri­toires et désintéressés, n’ont pas porté bon­heur au ca­ma­rade: après de mul­ti­ples avatars (le père avait fait de mau­vaises af­faires; lui avait eu un en­fant dans des cir­con­stances sans gloire, beau­coup d’al­cool avait été versé sur tout cela « pour ou­blier », il est venu échouer sur le péristyle du cinéma.

La voix n’a plus ces belles réson­nances d’il y a vingt ans, mais du « forte » en­core, et l’ar­tic­u­la­tion est de­meurée re­mar­quable: il est de­venu aboyeur of­fi­ciel et ap­pointé.

Le métier n’est pas facile: il faut avoir du coup d’œil; il faut, dans le las des pas­sants, savoir dis­tinguer le mon­sieur qui s’embête et dont une heure de cinéma pour­rait meubler le désœuvre­ment; il faut savoir sourire à la dame mûre et présen­ter le bon­i­ment d’une voix grave au mon­sieur décoré. Il faut surtout avoir un pourra d’acier et une santé de première classe. Avec des vêtements trop chauds ou trop légers, par la pluie, par le soleil, par la neige, par les nuits fraîches, les pieds gelés l’hiver, le front suant, l’été, il faut se mou­voir et « tra­vailler » dans des couloirs où les qua­tre vents du ciel ses ont­donnés ren­riaz-vous et où les courants d’air, perpétuel­lelies pneus Hevea

sont les tri­om­pha­teurs

N’EN USEZ PLUS D’AUTRES

364, Con­gee ntt d’ftr­gite, An­Vers

ment, jouent à cache-cache, et se pour­suiv­ent. It faut, à l’oc­ca­sion, et sous la men­ace de ren­voi immédiat, subir­les quoli­bets des pas­sants, en­ten­dre, sans récrim­iner et sans répon­dre, les doléances ou les protes­ta­tions du spec­ta­teur mécon­tent, qui sort de la salle en ju­rant qu’il ne re­vien­dra plus, et c’est quelque­fois cela qui est le plus dur pour l’aboyeur, dont la pa­tience, la lon­ga­nimité et la résig­na­tion ne sont générale­ment pas les ver­tus pri­mor­diales.

Quand cela ar­rive, l’aboyeur, as­sagi par la dure Expéri­ence et la Guigne-au-Gol-Verdâtre, fait un ef­fort, se domine et réfléchit qu’il a raté autre­fois un man­dat de député et un diplôme-d’av­o­cat et que les cir­con­stances présentes lui com­man­dent impérieuse­ment de ne pas per­dre sa place d’aboyeur. (

Et soudain rasséréné, il avale sa salive et reprend courageuse­ment:

N’hésitez pas, Madame et Messieurs... Le plus beau spec­ta­cle cinématographique de la ville...

L'ÉLÉGANTE

" — PARAIT LE I« DU MOIS

Jour­nal de modes men­suel, mag­nifique­ment il­lustré, jus­ti­fie pleine­ment son nom par sa présen­ta­tion artis­tique et l’élégance des nom­breux modèles qu’il con­tient.

On y trouve le cos­tume pra­tique mais dont, par­fois, un détail inédit, un rien, in­dique la griffe des maîtres parisiens. -:-

La doc­u­men­ta­tion de ce jour­nal est puisée aux sources mêmes de la mode, chez les cou­turi­ers et les grandes modistes dont nous re­pro­duisons surtout les modèles sim­ples et facile­ment exécuta­bles. -:- -:-

Le prix du numéro est entière­ment rem­boursé par un pa­tron gra­tuit.

( Un an: 22 francs

"RIX : < Six mois: 12 »

Un numéro : 2 »

La mai­son FELIX four­nit des pa­trons de tous les mod­eler fig­u­rant dans cette édi­tion• -o- -o- -o- -o-

De firma FELIX lev­ert pa­tro­nen van alle mod­ellen, welke in dit blad ver­schi­j­nen, -o- -o- -o- -o- -o

Pour la pub­licité de cette revue, veuillez vous adresser à M- A. DEL­MAR­CEL, 2.5, rue Dupré, à Jette — Téléph. B 16659 ou au bu­reau du jour­nal, 12, rue Charles De Coster.

CINÉ-RE­VUE

Au. Film. d.​es jours

En vous pari­ant du comique améri­cain, je n’ai nulle­ment l’in­ten­tion, comme vous l’au­riez pensé tout d’abord, de vous nar­rer quelque ex­ploit de Char­iot... qui d’ailleurs est Anglais. Je veux vous par­ler... quelques min­utes seule­ment, du sens comique améri­cain, de la «vis com­ica» d’outre-At­lan­tique telle qu’elle m’est ap­parue l’autre soir dans un cinéma du bas de la ville.

Ru­mi­nant ce soir-là comme beau­coup d’autres soirs de som­bres pensées, je m’étais dit que les idées noires sont par­ti­c­ulière­ment à leur place dans l’ob­scu­rité d’une salle de cinéma et comme, à la porte d’un de ceux-ci on annonçait une -à comédie hi­la­rante» dont j’ai to­tale­ment oublié le titre, je m’y en­gouf­frai, per­suadé que j’y trou­verais à la fois une at­mo­sphère as­sor­tie à mes réflex­ions et une con­so­la­tion utile et agréable.

« Comédie hi­la­rante!... » c’était une veine..-Quand Henri III s’exerçait malgré lui à met­tre au goût français le spleen anglais et que la mélan­colie lui de­ve­nait trop in­sup­port­able, il fai­sait venir son bouf­fon et le pri­ait de lui faire des gri­maces. Où trouve-t-on de plus belles gri­maces que dans les films comiques améri­cains? C’était une veine, en vérité, c’était une veine.

Dans la salle régnait l’ob­scu­rité du tombeau: un garçon sévère­ment vêtu de son habit des jours ff’en­ter­re­ment me de­manda d’un ton pénétré ce que je désir­ais con­som­mer; je lui com­mandai, pour rester dans la note, un café noir et il me -sem­bla qu’il mur­mu­rait: « Mes. sincères con­doléances... »

Et la «comédie hi­la­rante» com­mença.

Je ne l’in­vente pas: je la raconte telle que je l’ai vue. Au com­mence­ment, un su­perbe jeune homme jouait aux cartes en bu­vant ig­no­minieuse­ment du whisky dans des ver­res à gueuze. En quelques tours de film; le su­perbe jeune homme était complètement ruiné et tout aussi complètement soûl. Etre soûl sans un sou, c’est la pire des calamités: per­suadé de cette éter­nelle

vérité, le su­perbe jeune homme s’em­parait alors d’un su­perbe re­volver et se l’ap­puyait sur la tempe.

«C’est une comédie hi­la­rante, songeais-je... On va voir un éven­tail sor­tir et le jeune homme va lancer un pavé de bois à la tête d’un po­lice­man. » Mais pas du to t

Le su­perbe jeune homme ne se sui­cida point, ce qui au­rait mis fin un peu prématurément à sa vie d’athlète pho­togénique et aux péripéties de la « comédie hi­la­rante »... Il ne se sui­cida point...

Mais il com­mença alors à vivre sa, vie de su­perbe jeune homme ruiné par le jeu et la bois­son.

Et quelle vie!

Au cours de « qua­tre par­ties » in­ter­minables on vit ce mal­heureux s’épren­dre d’une belle jeune fille et être accusé de vol par celle-ci... On le vit moisir dans une de ces cages qui ser­vent de prison en Amérique... Sorti de sa cage, on le vit, invité à dfner par un éblouis­sant gen­tle­man, laissé en plan par celui ci de­vant la note à payer: et ce fut une sec­onde villégi­a­ture dans la cage... On le vit en­core courir les bu­reaux de place­ment, être reçu comme un chien dans un jnu de quilles, es­sayer de dis­tribuer des prospec­tus dans les rues et y récolter des «swings» solide­ment ap­pliqués... Enfin, ayant trouvé un ami, on le vit as­sis­ter à l’écrabouil­lage par un au­to­bus de cet ami... Je ne sais pas ce que l’on vit en­core car je n’ai pu résis­ter à tant d’aven­tures «hi­la­rantes» et j’ai pris la fuite per­suadé que le su­perbe jeune homme fini­rait par trou­ver enfin une sit­u­a­tion de tout repos sur la dalle bien lavée de quelque morgue améri­caine...

Il y a des films comiques qui sont vrai­ment comiques.


be Ciné à trauers Ie monde et spéciale­ment en Rmérique

Mau­rice Maeter­linck qui fit un long voy­age aux Etats-Unis, a publié dans Pho-Play une revue cinématographique améri­caine, un ar­ti­cle d’un intérêt de pre­mier ordre. Comœ-dia en pub­lie une tra­duc­tion que nous re­pro­duisons pour nos lecteurs:

Les Européens qui n’ont ja­mais visité l’Amérique ne peu­vent se faire une idée du rôle impôrtant que joue le cinéma dans la vie de cette na­tion. En Eu­rope, le film est seule­ment un ac­ci­dent, une dis­trac­tion. Et les plus grandes cités en ont peu, rel­a­tive­ment an nom­bre de la pop­u­la­tion. Beau­coup de pe­tites villes même en man­quent. Celles qui sont im­por­tantes ont de fidèles clients qui vont au ciné une fois ou deux par se­maine quand le pro­gramme change, le reste de la pop­u­la­tion n’y va ja­mais.

Les films français montrés dans ces théâtres sont générale­ment de qualité médiocre, car l’in­dus­trie cinématographique n’est pas en­core par­faite­ment or­ga­nisée dans ce pays si ter­ri­ble­ment ravagé par la guerre. Le cap­i­tal qui lui est con­sacré'paraît dérisoire; les ac­teurs sont tous des artistes de théâtre. Ils ne réus­sis­sent ja­mais à ou­blier la tech­nique de la scène et en conséquence ne sem­blent pas na­turels sur l’ééran. Je dois dire, cepen­dant qu’ils ont­fait, en dernier lieu, de sen­si­bles progrès- un fait qui m’a Bur­pris agréable­ment.

On représente aussi des films ital­iens; ils sont générale­ment meilleurs que les français parce qu’il y a beau­coup plus d’ar­gent dépensé pour la pro­duc­tion, et parce que l’Italie possède deux ou trois bons ac­teurs qui ont fait une étude spéciale de l’écran.

Mais ces films sont trop sou­vent gâtés par le mau­vais goût, la fausse sen­ti­men­talité, les gestes exagérés, qui les ren­dent, à la longue, extrême­ment fati­gants.

Mais la prin­ci­pale at­trac­tion, ce sont les films améri­cains.

Je con­fesse qu’avant mon tour en Amérique j’avais quelques no­tions fausses sur ces films. Après mon arrivée, dans mes premières con­ver­sa­tions, j’ex­pri­mai mon éton­nement de voir le film améri­cain, si apprécié à l’étranger, être complètement dédaigné par l’élite in­tel­lectuelle de sa terre na­tale. De fait, chaque fois que j’en par­lais, dans lescer­cles artis­tiques ou so­ci­aux de New-York, la cri­ti­quant au point de vue artis­tique, les gens parais­saient aussi étonnés que si j’avais parlé de chro­mos à une ex­po­si­tion- de Rem­brandt ou de Ti­tien. Sou­vent même ils sem­blaient se de­man­der si je n’es­sayais pas de me mo­quer d’eux.

Les femmes du monde* et les mil­lion­naires, pa­trons d’art, m’ap­prirent plors qu’ils n’al­laient ja­mais aux cinémas; ceux-ci étant fréquentés

seule­ment par des do­mes­tiques, les ou­vri­ers et les classes moyennes et, étant con­sidérés comme pouf-voyeurs de l’art le plus élémen­taire.

Je ne pou­vais me pronon­cer, n’ayant vu que peu de films améri­cains. Mais quand j’at­teig­nis la Cal­i­fornie, ayant plus de loisirs, je me fis une espèce de de­voir pro­fes­sion­nel de fréquenter le cinéma chaque jour, par­fois même deux fois dans [ajournée. Ainsi en moins de deux mois je vis une cen­taine de films en­v­i­ron, ap­prox­i­ma­tive­ment la pro­duc­tion nor­male de trois mois de.“ stu­dio „ et j’ai pu me ren­dre compte et me for­mer une opin­ion en ce qui con­cerne l’améri­cain “ mo­tion pic­ture «. Mon opin­ion est basée sur des films au-dessus de l’or­di­naire, ayant soigneuse­ment choisi ceux qui m’étaient recom­mandés comme les meilleurs/: ' évi­tant ceux qui, par leur titre ou leurs af­fi­clL.., me sem­blaient stu­pides ou ef­frayants. Et main­tenant je com­mence à com­pren­dre l’éton­nement de mes amis new-yorkais.

Sur ces cent films que je vis — et je parle seule­ment de cinq ou six, véri­ta­ble« pièces de résis­tance (non de farces, de pe­tites comédies) — sur ces csnt films il. y un avait seule­ment qua­tre ou cinq vrai­ment bons, basés sur une grande idée, on une pensée orig­i­nale, suiv­ant un plan logique, hu­main, intéressant, — enfin bien bâtis, avec ex­po­si­tion,-com­pli­ca­tion, grad­u­a­tion et dénoue­ment.

Il faut noter que ces films étaient ex­traits de comédies, ro­mans ou nou­velles.

D’abord Eteryno­man “ Chaque femme » quelque peu froide allégorie, mais honnête et pas or­di­naire.

— Les Yeux de la Je­unesse con­tenant une belle con­cep­tion, à la fois orig­i­nale et recherchée, mais pas assez développée, et man­quant, sur quelques points, de grâce, de bon goût et de sen­ti­ment.

Œil pour Œil', L'Oc­ci­dent en Eu­rope, mer­veilleuse ment joué par Nazunova.

Enfin Les Sept Chênes (Jes’ Cal Me Jim) qui serait presque un chef-d’œuvre si quelques fautes de goût étaient éliminées.

Peut-être dois-je aiouter Pollyana qui quoique incohérent et désor­donné, par­fois aussi en­fan­tin jusqu’à la sot­tise, est sauvé par la déli­cieuse et bril­lante Mary Pick­fori.

Ob­servez que je ne dis pas qu’il n’ex­iste d’autres bons films. Je parle seule­ment de ceux que j’ai vus. Mais je crois qu’il n’y en a.​guère plus de qua­tre à cinq pour cent, parmi ceux que je ne con­nais pas.

A côté de ces films de grand mérite, j’en vis d’autres, non aussi bons, mais pou­vant être sup-portéssans fa­tigue.

La Mai­son en, ordre tiré de la pièce de Pinero, quelque peu démodé, mais bien con­struit, l’ou­vrage d’un homme

La Frmmt de la cham­bre 13 un peu gauche, mais con­tenant une véri­ta­ble sit­u­a­tion dra­ma­tique, plutôt la­borieuse­ment tra­vaillée, mais très bieir jouée par Pauline Fred­er­ick.

La Con­fes­sion qui es­tropie un ad­mirable thème

(plus d’une fois traité à la scène) et qui, après deux par­ties d’ac­tion modérée, pleine d’hu­manité, de sen­ti­ments forts, promet­tant une noble, élevée tragédie, dégénère en un hor­ri­ble gâchis, sans doute cuisiné par les minus habentes de la terre du Cinéma, pen­sant connaître le goût du pub­lic, qu’ils ont tout intérêt à abaisser 1e plus pos­si­ble, et aussi longtemps qu’ils peu­vent.

J’ajouterai aussi deux films de grande renommée. Le pre­mier est Bro­ken Blos­soms (Le Lys Brisé) qui, au point de vue de la pho­togra­phie, de l’éclairage, mise en scène et in­terprétation est un réel chef-d’œuvre. Mais le scénario, l’his­toire d’une pe­tite fille battue par son père jusqu’à en mourir, et .aimée d’un chi­nois, est si stu­pide, si plate, si vide que l’on pour­rait croire qu’elle fut écrite par une nour­rice to­tale­ment il­lettrée.

... Le grand défaut du film améri­cain, qui sera sa mort si nul remède ne lui ar­rive, c’est l’in­croy­able faib­lesse du scénario. Après beau­coup d’années de négli­gence, les pro­duc­ers com­men­cent à s’apercevoir du dan­ger qui men­ace leurs af­faires. Ils réalisent que le pub­lic, gorgé d’his­toires de plus en plus ridicules, finira par déserter le cinéma.

L’écran est une espèce de mon­stre in­sa­tiable qni dévore une quan­tité d’his­toires chaque se­maine, eh il n’y a pas de littéra­ture au monde qui puisse fournir heb­do­madaire­ment au­tant de bonnes his­toires. Le stock de ro­mans, de nou­velles vieilles ou récentes est presque épuisé. Même les meilleurs ou­vrages, étant psy­chologiques ou littéraires, man­quent sou­vent d’ac­tion et ne se prêtent pas à la tra­duc­tion pho­tographique.

La scène, meilleure source de matériaux, est tout'à fait stérile en Amérique; elle est gauche, rudi­men­taire, et décidément inférieure à la scène étrangère. Mais la scène européenne traite, en général, de ques­tions sex­uelles, par­ti­c­ulière­ment d’adultère, dont le pub­lic améri­cain ne veut pas.

(A suivre). Mau­rice Maeter­linck.

Les Jolies Modes

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=* PARAIT LE 5 DE CHAQUE MOIS

Edi­teur:

J. FELIX, 20. rue Al­bert de La­tour, Brux­elles

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Par an: 15.00 francs

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Dit blad ver­schi­jnt in de Vlaan ache taal on­der­den titel van De Nlen­w­ste Modes van Par­ijs.


CINÉ-RE­VUE —

Deux vi­sions intéressantes nous ont été of­fertes par les étab­lisse­ments de Van Goit-sen­hoven, d’un­epart, avec Son Fils, comédie dra­ma­tique en 5 par­ties, in­terprétée par miss Vi­o­let Hop­son, et, d’autre part, par les Etab­lisse­ments Gau­mont: Le Trésor avec Mary Pick­ford et Le Roi de l’Ar­gent avec William Far-ver­sham,

Son Fils est un drame dans la bonne manière de Hen­nery, at­tachant, peut-être in­vraisem­blable, comme le sont tous les drames où l’on met en scène une héroïne dont les sen­ti­mentsco­toient le do­mai-

Miss Vi­o­let Hop­son, qui a de la grâce et le sen­ti­ment du dra­ma­tique sans tomber dans l’excès, une grande mo­bilité dans le masque, tous les prd( tag­o­nistes sont par­faits dans leur rêle et don­nent, sans que l’on s’en étonne, le senti ment que le drame s’écoule en une période d’une ving­taine d’années. A noter égale­ment un chien qui rem­plit un rôle im­por­tant, avec une in­tel­li­gence qui fait hon­neur à son dresseur, et Son Fils que nous voyons au mail­lot, a 5 ans, à 12 et à 18 ans et qui a chaque fois un in­terprète char­mant. Le, gamin de 12

ne du sur­na­turel, qui pousse à l’extrême le culte du de­voir au point d'y sac­ri­fier son hon­neur et son ex­is­tence, Mais ce sont là des ex­em­ples de haute moralité qui récon­for­tent et ne font hausser les épaules qu’aux scep­tiques. Le drame a de Fail­ure, du mou­ve­ment, une mise en scène bien réglée dans des intérieurs con­ven­ables avec deux ou trois plein airs qui ont un heureux éclairage, et son in­terprétation est très re­mar­quable. En de­hors de l’héroïne

ans est ravis­sant, ad­mirable­ment campé, ce sera peut-être quelque jour une étoile de l’écran.

Sce­nario. Une jeune fille élève l’en­fant de la maîtresse de son fiancé. Elle croit celui-ci mort et sait le petit être in­no­cent abanaonnépar sa mère coupable. Elle retrou­vera plus tard le père et la mère qui se sont mariés et lut­tera pour con­server son fils adop­tif, sans cepen­dant rien lui révéler de l’in­dig­nité de celle qui lui a donné le jour.


oyal - Zo­olo­gie Cinéma

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Pro­gramme du 14 au 19 mai

Gau­mont-Jour­nal

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3me épisode: La Fugi­tive

Pro­gramma van 14 tot 19 /Vlei

Gau­mont- Week­blad

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3e episode: Voortvluchtig

BIEN ROULE

Comédie dra­ma­tique en 5 par­ties, in­terprétée par Carmel MYERS.

Les deux: Gamines

Troisième épisode: LA FUGI­TIVE.

Toutes les recherches pour retrou­ver Ginette sont resté'es vaines. Ne pou­vant plus rester dans le pays où s’est déroulé le drame, M. Bertal est parti avec tout son petit monde pour Paris, en maud­is­sant l’odieuse demoi­selle Bénazar. — Cepen­dant Ginette n’est pas morte Elle a été re­ceuil­lie sur la rive du tor­rent et quand, après les jours de lièvre elle re­vient à elle, quelle n’est pas sa sur­prise de voir, penchés sur son lit, le Prince Char­mant et la fée, M. de Bersange et sa sœur Odile. La première pensée de Ginette est pour les siens. Mais son sauveur, qui a essayé de les retrou­ver, lui ap­prend qu’ils ont quitté le pays sans laisser d’adresse «Bah! pense Ginette, Cham­bertin doit avoir des nou­velles: par lui, nous saurons .. » Et dès qu’elle peut se lever, elle écrit à son par­rain.

Mais la pau­vre en­fant n’est pas au bout de ses peines Le soir même, tan­dis que l'in­firmière qui la soigne est allée porter sa let­tre à la poste, un homme s'in­tro­duit dans la mai­son. Ginette de­scend, se trouve en face du voleur. Hor­reur! c’est son père. Elle veut le forcer à ren­dre ce qu’il a volé, et le men­ace de le dénon­cer. Au même in­stant l'in­firmière ren­tre. Elle voit Ginette, elle voit le ban­dit... Et tan­dis qu’elle s’évanouit de ter­reur, Manin, bâil­lon­nant sa fille, la charge sur son épaule et la couche au fond d’une auto qui l’at­tendait et qui file à toute vitesse, dans la nuit.

GEFOPT

Drama­tisch tooneel­spel in 5 dee­len, ver­tolkt door Carmel MYERS

Les deux Gamines

Derde episode: DE VOORTVLUCHTIGE.

Alle op­zoekin­gen om Ginette terug te vin­den waren vruchteloos. M. Bertal, welke het niet meer kon uithouden in de streek waar het drama gebeurd was, vertrok met al de kinderen naar Par­ijs, de hatelijke Mej. Be­nazer vervloek­ende.

Ginette was nochtans niet dood. Zij was aaa den boord van den vloed opger­aapt gewor­den, en hoe groot was niet hare ver­won­der­ing toen zij, na eenige dagen ijlkoorts weder tot bezin­ning gekomen, de be­val­lige Prins en de fee over haar bed gebo­gen zag.

Ginette’s eerste gedachte was voor de haren. Maar haar red­der, welke gedacht had hen weder te vin­den, meldt haar dat zij uit de streek vertrokken zijn zon­der adres achter te laten. « Bah denkt Ginette, Cham­bertin moet nieuws van hen hebben, doorhem zullen wij het verne­men». En zoohaast zij haar bed kan ver­laten, schri­jft zij aan­haren peter.

Maar het arme kind was nog niet aan’t einde van haar li­j­den. Den­zelf­den avond, ter­wijl de ziek­en­di­en­ster welke haar ver­zorgde, haren brief op de post bestelde, breekt een man in huis. Ginette gaat naar bene­den en bevindt zich tegen­over den dief- Gruwel. Het is haar vader. Zij wilt hem dwin­gen het gesto­lene terug te geven, en be lreigt hem te zullen ver­raden. Op dit oogen­blik komt de ziek­en­di­en­ster bin­nen. Zij ziet Ginette, zij ziet den dief... En ter­wijl zij in bezwi­jming valt, steekt Manin zijne dochter eene prop in den mond, laadt haar op zijne schoud­ers en zet haar in een auto welke hem wachtte en welke blik­sem­snel in den nacht verd­wi­jnt....


CINÉ-RE­VUE —

Jim Glea­son, je­une­hom-me pau­vre, mais de tal­ent, qui espère conquérir en même temps que la gloire littéraire la main de la jeune Mary.

Jim a acheté un pa­quet de livres qui est expédié en un vo­lu­mineux colis. Au débal­lage on s’aperçoit que l’expédi­teur s’est trompé. Le colis fait re­tour a John Bret, l’avoué de la famille Carl­ton, dont le jeune Willie héri­tait de plusieurs mil­lions. En re­faisant le pa­quet ils ou­blient d’y re­placer

dol­lars l’achat du ter­rain de Cab­bage qu’elle parvient à reven­dre

20,000 dol­lars, tan­dis que la répu­ta­tion littéraire1 de Jim s’af­firme. Ils pour­ront donc se marier.

On voit que ce film ne bous­cule rien et que les en­fants de moins de seize ans pour­ront aller au Cinéma le voir se dérouler sur l’é c r a n sans crainte qu’il ne trou­ble leur jeune con­science.

Z Le Trésor, in­terprété par Mary [ Pick­ford.Le nom de la bril­lante V étoile améri­caine dit tout le bien ( que l’on pou­vait espérer de l’in­terprétation et nous n’avons pas j été déçus. Intérieurs intéressants, lumière bien dis­tribuée en­sem­ble de l’in­terprétation homogène et vi­vante.

Voici l’af­fab­u­la­tion: la jeune Mary Mac Tavish et son grand-père Augus font le com­merce de vieux livres. Ils ont comme aux­il­i­aire dans leur bou­tique

par mégarde un livre dans les ( feuil­lets duquel ils décou­vrent L un man­u­scrit étab­lis­sant l’exis- T tence d’un gros trésor caché au j vil­lage de Cab­bage. Ils s’y ren-dent en com­pag­nie de Carl­ton,, et y sont pris pour des voleurs et soumis à des vex­a­tions sans fin. Enfin ils décou­vrent le tré sor: C’est un sim­ple bout de pa­pier qui porte ces mots: « La plus grande richesse au monde est la santé et le tra­vail ».

Mais Mary a fait pour 2,000


CINÉ-RE­VUE —

Le Roi de l’Ar­gent, comédie dra­ma­tique en 4 par­ties avec William Farver­sham.

Nous nous trou­vons avec le roi de l'ar­gent dans le film d’aven­tures, aux mul­ti­ples péripéties, comme nous ont habitué les films en nom­breux épisodes: meurtres, cam­bri­o­lages, cat­a­stro­phes de chemins de fer.

Voilà au sur­plus, résumée, cette vi­sion mou­ve­mentée:

Willy Den­ver a épousé une jeune fille que Ge­of­froy Ware recher­chait. Depuis ce mo­ment il est en butte à sa haine farouche. Il le croit cepen­dant son ami, se laisse entraîner par lui aux courses et dans les étab­lisse­ments louches. Il se ruine et est ramené ivre chez lui par Ware, qui proclame orgueilleuse­ment (lev­ant sa femme être l’au­teur de sa ruine.

Malgré son ivresse, Den­ver a tout en­tendu; il

s’arme d’un re­volver et court chez son en­nemi dans l’in­ten­tion de le tuer.

Au lieu de Ware, il trouve des cam­bri­oleurs en plein tra­vail.Ceux-ci l’en­dor­ment au chlo­ro­forme, tan­dis que Ware ren­tre chez lui. Au cours de la lutte qu’il en­gage avec les cam­bri­oleurs, il est tué par l’un de ceux-ci armé du re­volver de Den­ver.

Lorsque Den­ver re­vient à lui, il aperçoit le ca­davre; Frappé d’amnésie, il se croit l’au­teur du meurtre, il ren­tre chez lui-, conte à sa femme la lugubre aven­ture et s’en­fuit en Amérique.

11 échappe mirac­uleuse­ment à une ter­ri­ble cat­a­stro­phe de che­minde fer.​Tout le monde lecroit mort.

Après avoir re­fait sa for­tune aux Etats-Unis, il ren­tre en An­gleterçe sous un nom d’em­prunt pour venir s’y dis­culper.

Le véri­ta­ble meur­trier est arrêté ainsi que toute sa bande que la po­lice, recher­chait.

CINÉ-RE­VUE

“ SUR LES COURTS ”

par V. Boin.

Sait-il jouer au ten­nis? Mystère... Nul ne le sait, car ja­mais on ne l’a vu autre part qu’au buf­fet du chfilet de son club, à l’heure du five o’ clock tea ou du « porto time ».Il est de ceux, je sup­pose, qui es­ti­ment qu’il ne faut pas frap­per une balle même avec une ra­que­tte.

Pour­tant, il ar­bore un «very ex­cit­ing» com­plet de flanelle blanche, du plus heureux effet; souliers à grosses semelles de caoutchouc rouge, cra­vate aux couleurs ten­dres. Ja­mais Anglais du strand ne fut au­tant bri­tan­nique que lui. Tout ce qu’il revêt vient en droite ligne de chez Seld­fridge ou de chez Gamadge; il est « lat­est style, ex­tra­or­di­nary ».

Son ac­cent même se trans­forme à cer­taines heures de la journée — les heures de < courts » — et on ou­blie qu’il est Brux­el­lois de la Can­ters teen tant il prononce, avec des in­to­na­tions que M John Bull lui-même ne désap­prou­verait pas, les quelques mots d’anglais qu’il croit connaître. Son vo­cab­u­laire, d’ailleurs, n’est guère con­sidérable. Il se résume à des ter­mes d’usage courant, tels que: « Aôh, dear... Ready?... All right!... Roast­beef... Whisky and Soda... Tchin-tchin. etc. »

Mais son al­lure im­pose: il a ses ad­mi­ra­teurs et ses ad­mi­ra­tri­ces — de tout je­unes gens, de toutes je­unes filles. Négligem­ment, il laisse ex­am­iner sa ra­que­tte, éter­nelle­ment neuve, et d’une très grande mar­que: c’est la ra­que­tte avec laque­lle il gag­n­era, un jour, quelque chose.

Il est l’habitué fidèle des villes d’eau, des plages à la mode: il est presque pop­u­laire tant il représente avec chic le joueur mondain pour villégi­a­tures.. pâles.

Ja­mais ses im­pec­ca­bles souliers blancs ne fouleront le vert gazon ou la brique pilée des « courts ».

Et à quoi cela lui servi­rait-il? N’a-t-il pas le pres­tige? Ses cri­tiques ne sont-elles pas écoutées? Les débu­tants ne s’adressent-ils pas à lui pour obtenir de son expéri­ence quelques con­seils précieux?

II est riche, d’ailleurs, et dans de nom­breuses années, lorsque l’âge et l’em­bon­point au­ront « abîmé » sa ligne, il briguera la présidence du Lawn Ten­nis­Club de sa ville na­tale... et rap­pellera les succès sportifs qu’il rem­por­tait à vingt ans.


CINÉ-RE­VUE —

Le pre­mier Vote

Pour la première fois, les femmes ont voté! Il sem­blait bien qu’il y avait quelque chose d’in­so­lite dans l’at­mo­sphère de ce di­manche d’avril aux in­ter­valles de gri­saille et de lumière. Il n’était point­cou­tu­mier.ee va-et-vient mati­nal de femmes qui fi­laient alerte­ment vers un but précis, les unes seules ou ac­com­pagnées de leur mari, les autres en groupes, es­sayant de cacher sous un rire de mo­querie la pe­tite lueur de fierté qui bril­lait dans le re­gard.

Toutes les rues étaient animées: mais que dire de celles où se trou­vaien t les maisons d’Ecole où les électeurs et élec­tri­ces de­vaient ac­com­plir le Geste? C’était un re­mous pit­toresque de femmes de toutes con­di­tions et de tous âges parmi lequel on aperce­vait des hommes en bien plus petit nom­bre. '

Des aïeules ar­rivaient à pe­tits pas hési­tants, appuyées sur le bras de leur pe­tite-fille ou de leur ser­vante; quelques-unes étaient ahuries, d’autres ironiques, mais, je dois avouer que parmi lésa an­ci­ennes », bien peu étaient con­tentes du dérange­ment’qui leur était imposé.

De je­unes ma­mans por­taient sur leurs bras leur dernier-né, et je fus le témoin amusé de la scène suiv­ante: Une femme entre dans la salle de vote, por­tant un bébé sur ses bras. Et le président, pince-sans-rire, de dire:

« Don­nez votre en­fant à l’as­sesseur qui le tien­dra pen­dant que vous voterez, sinon deux opin­ions pour­raient se ren­con­trer sur votre bul­letin, la vôtre et la si­enne ».

L’as­sesseur en ques­tion qui était, en l’oc­cur­rence, une char­mante jeune fille, ac­cepta en riant ce rôle de nounou im­pro­visée, pen­dan­tque la citoyenne ac­com­plis­sait son de­voir.

Et voilà une spir­ituelle réponse à l’ob­jec­tion des grincheux qui tempêtaient et se lamen­taient sur le sort des je­unes en­fants laissés à la mai­son par l’élec­trice. Pour les prochaines élec­tions, on créera sans doute des as­sesseurs « bonnes d’en­fants! »

La note amu­sante s’est ren­contrée ici et là. C’est une paysanne qui, grave­ment, munie de son bul­letin, entre dans l’isoloir et... n’en ressort plus. On s’inquiète de ce stage pro­longé, on va discrètement se ren­dre compte de ce qui se passe dans le re­coin mystérieux et la brave femme de dire: « Faut-y que j’y reste en­core longtemps?...

C’en est une autre qui va trou­ver les mem­bres du bu­reau et leur dit:« Je suis catholique; pour qui faut-il que je vote?

Ou une autre en­core qui refuse le bul­letin qu’on lui tend en répon­dant: « C’est pas la peine, c’est pour les so­cial­istes! »

Mais tout cela est l’ig­no­rance de la première heure. Mieux aver­tie et mieux in­stru­ite de ses de­voirs civiques et de leur portée, la femme, dans les années qui vont suivre, saura user de façon intel ligente et pour le mieux-être de tous de cette puis­sance qu’est de notre temps un bul­letin de vote.

LES PER­LES

Du Jour­nal du 12 mars, dans l’En­fant qui meurt,, roman de M. Binot-Val­mor:

Le crépus­cule met­tait des om­bres vi­o­lette* dans les dessous de bois où les nar­cisses fleu­raient! l’héli­otrope chan­tait au couchant du soir...

M. Bi­net-Valmer croit sans doute, que l’héli­otrope est un oiseau?

Et puis... il a peut-être vu un couchant du matin, pour par­ler ainsi du couchant du soir?

Du Progrès de Lyon, en date du 2!) mars: (

Ac­ci­dent. — Vers le pont du Midi, hier soir, M“* Félicie Guillemin, de­meu­rant à Villeur­banne, rue Pel­letier, est tombée d’un tramway en marche et une des roues du lourd véhicule lui passa sur le pied droit, qui, in­formé, a fait trans­port er le ca­davre d’ur­gence à l’Hôtel-Dieu.

Pour avoir pris une sem­blable ini­tia­tive, il faut croire que ce pied ne l’était pas tant que ça!

Du Salut Pub­lic, de Lyon, en date du 30 mars, à pro­pos d’une conférence tenue par la Com­mis­sion fi­nancière de la Société des Na­tions:

Le Petit Parisien pense qu» les dégâts de la conférence se pro­longeront jusqu’à ven­dredi.

Vous ver­rez qu’après cette com­mis­sion fi­nancière si farouche­ment désas­treuse, il fau­dra en­voyer là-bas celle des Répa­ra­tions.

Ex­trait du Petit Mar­seil­lais, du 27 écoulé (compte rendu des obsèques de plusieurs poilus dont les ( corps ont été ramenés du front)

Sur tout son par­cours, ce cortège était bordé parune haie hu­maine où plut d’une larme per­lait.

Ces larmes provenant d’une haie hu­maine ne man­quent pas d’un cer­tain pi­quant.

Du Petit Mar­seil­lais du 6 avril, cet ex­trait d’un ar­ti­cle de M. Hugues Le Roux, séna­teur:

Ée Jardin des Plantes va te repe­u­pler de lions, de ti­gres et de panthères, sans par­ler d’autres bêtes à cornes, qui démon­trent, dans la beauté, quelle variété la na­ture ap­porte dans l’in­ven­tion et dans la con­struc­tion de deux pointes qui ser­vent à défendre les femelles, tout juste­ment oon­tre le léopard et le lion, sant par­ler de l'homme.

Après étude sérieuse de la phrase sus-in­diquée, nous avons cru com­pren­dre que M. le séna­teur Hugues Le Roux rangeait les lions, les ti­gres, les panthères et l’homme dans la catégorie des bêtes à cornes, ce qui est ar­bi­traire .pour les pre­miers et assez in­sul­tant pour le dernier.

— CINÉ-RE­VUE

La Pro­tec­tion de l’En­fance

Tome V, n° 24

Quelques con­sidéra­tions au sujet du contrôle des Films, par Paui WETS

M. Paul WETS: « La théorie ig­nore néoes­sai-» re­ment les dif­fi­cultés d’ap­pli­ca­tion que la pra-* tique du contrôle ne man­quera pas de faire naître.

i7 Cette pra­tique va connaître une variété consi-77 dérable qui ne peut laisser d’em­bar­rasser le 77 juge­ment. Celui-ci ne parvient pas ton­jours à se 77 dégager net­te­ment de la séduc­tion des at­fab­ula-77 tions de l’écran. Les su­jets adoptés et adaptés 77 par les au­teurs de scénar­ios, se présen­tent sou-77 vent à la vi­sion dans un cadre si'cha­toy­ant, dans 7- un décor si pres­tigieux, dans une at­mo­sphère si 77 enjôleuse que, malgré soi, et entraîné par cette 77 grâce en­sor­celeuse, on se sent séduit par l’in­con-77 testable beauté d’une mise en scène qui dis­simule 77 habituelle­ment, aux yeux mal aver­tis, le dan­ger >• des détails cri­ti­quables qu’elle en­robe. »

Re­mar­que: Un censeur digne de cette fonc­tion ne se lais­sera pas enjôler par les séduc­tions de la mise en scène ou la grâce des détails. Il appréciera le fond. S’il en est in­ca­pable, il a été mal choisi.

77 La logique ap­par­ente des déduc­tions amène T- sou­vent le spec­ta­teur, par une série de péripéties 77 où l’émo­tion croît avec le développe­ment du » sujet, d’un point de départ an­odin aux consé-77 quences les moins ad­mis­si­bles. 77 L’in­verse peut aussi se présen­ter. t u II im­porte donc d’ap­porter à cette com­mis­sion 77 de contrôle une at­ten­tion aussi ob­jec­tive que 77 pos­si­ble, de ne ja­mais ou­blier qu’il faut apprécier 77 l’effet à pro­duire par le film, non sur des menta-77 lités d’adultes, éclairées et expéri­mentées, mais 77 sur des cerveaux de moins de 1C ans. 77

Pourquoi sur des cerveaux de moins de 1C ans? Par quel phénomène psy­chique le dan­ger cesse-t-il à 16 ans et un jour? Si dan­ger il y a, il est plus grand entre 16 et 20 ans qu’en deçà. Voilà notre opin­ion. Le tout est de voir si ce dan­ger est réel et quelle est son im­por­tance.

Page 464: « Le censeur ou­bliera ses opin­ions 71 poli­tiques et ses préférences re­ligieuses. 77

Ça nous sem­ble utopique. Un cap­i­tal­iste à tous

crins, imbu de préjugés bour­geois trou­vera no­cives les ten­dances de cer­tains films so­ci­aux dans le genre de “ Le Droit au Bon­heur 77 par ex­em­ple. Tel autre, catholique con­va­incu, sera d’avis qu’il est in­utile de met­tre en lumière, même de façon rigoureuse­ment his­torique, le rôle cruel de l’In­qui­si­tion, Tes désor­dres de la famille Bor­gia et à plus forte rai­son les pro­duits de la géniale imag­i­na­tion de Vic­tor Hugo dans Notre-Dame de Paris.

Il est donc dif­fi­cile de met­tre d’ac­cord des censeurs im­par­tiale­ment re­crutés, au sujet de ce qui est « claire­ment préju­di­cia­ble aux intérêts moraux de la je­unesse 77. Les uns diront; Il faut leur ap­pren­dre ce qui est vrai. D’autres ob­jecteront: Toute vérité n’est pas bonne à dire; d’autres en­core (in medio ver­i­tas) ob­jecteront que l’apprécia­tion ex­acte de cer­tains faits de­mande comme cor­rec­tif une ma­tu­rité d’es­prit et une somme de con­nais­sances his­toriques ou une expéri­ence des réalités de la vie qui font forcément délaut à la je­unesse.

Pages 464 et 465: “ Le cinéma bien com­pris, 77 bien ap­pliqué a son but éducatif; le film peut être 77 u a col­lab­o­ra­teur sans pareil pour l’éduca­teur. Le 77 cinéma peut ini­tier l’en­fant aux éléments de la 77 cul­ture artis­tique et sci­en­tifique. »

Nul ne con­teste l’utilité di­dac­tique du cinéma éducatif; celui-ci est' à sa vraie place dans les étab­lisse­ments d’en­seigne­ment à tous les d,egrés, mais ne doit fig­urer que complémen­taire­ment aux pro­grammes des. salles de spec­ta­cles qui doivent avant tout se préoc­cu­per de la re­cette in­dis­pens­able à leur ex­is­tence. Cette réserve faite, nous sommes ab­sol­u­ment d’ac­cord sur tout ce re­mar­quable para­graphe.

Page 465: « Ecar­tons sans pitié le film hypo-77 crite — il en ex­iste beau­coup — pour lequel le 71 souci esthétique et sci­en­tifique n’est qu’une n préoc­cu­pa­tion ap­par­ente et qui ne trompe guère » l’ob­ser­va­teur avisé. Ce film pour­suit, sous son 77 as­pect d’honnêteté, un in­avouable but de lucre.77

Nous sommes d’ac­cord aussi sur le « film hyp­ocrite 77 à con­di­tion d’y as­sim­i­ler le livre, le tableau, l’ceu­vre théâtrale où le réal­isme et la soit-dis­ant lib­erté de l’art ne sont que du cam­ou­flage pornographique dans un but de lucre.

Page 467: “ Nuis­i­ble aussi le film qui pour­suit le 77 but ap­par­ent de nous émou­voir au profit d’une 77 poli­tique si con­damnable qu’elle puiase être, si 77 l’ac­cu­mu­la­tion des hor­reurs pro­jetée, est telle.


» qu'elle ne peut que provo­quer chez le spec­ta­teur,

» jeune ou adulte, une émo­tion qui peut aller jus-» qu’à l’altéra­tion d«s fac­ultés men­tales. N'avons-» nous pas vu un gamin at­teint d’hal­lu­ci­na­tions » graves, après une seule vi­sion du film l'Armé-» ni­enne. qui au­rait déséquilibré son cerveau fra-v gile? Nous ne sauri­ons da­van­tage ap­prou­ver » pour les en­fants, le film sci­en­tifique, etc. »

A pro­pos du gamin de­venu fou pour avoir vu l'Arméni­enne, l’au­teur qual­i­fie lui-même son cerveau de « frag­ile. »

C’était évidem­ment un prédis­posé, et le même ac­ci­dent at­trait pu se pro­duire au récit des atrocités alle­man­des de Di­nant, Lou­vain, etc. En général un film tel que l’Arméni­enne ne peut pro­duire qu’un sen­ti­ment de dégoût con­tre la vi­o­lence, de répul-tion con­tre la guerre. Ces sen­ti­ments-là, on ne les dé velop­pera ja­mais de trop.

« Pas d’avan­tage nous n’ad­met­tri­ons le film pré-» ten­du­ment doc­u­men­taire, qui ferait as­sis­ter l'en-» font aux pra­tiques vi­o­lentes, cru­elles, bru­tales, » éro­tiques des pe­u­plades sauvages, sous prétexe » de l’ini­tier à la géogra­phie ou à l’éthno­gra­phie. »

En ce qui con­cerne les films de mœurs ex­o­tiques, en les chois­sis­sant trop an­odins, on risque de déna­turer la vérité ou de fausser les idées de l’en­fant. Ceci est un dan­ger.

« Il ne faut pas amener l’en­fant à sat­is­faire sa » cu­riosité, cher­chant ailleurs ce qu’un film exact » mais pris avec tact eût pu lui ap­pren­dre avec » mesure.

» S’il con­vient, ainsi que nous en émet­tons » l’avis ci-dessous, de ne pas com­pro­met­tre le » sort d’une in­dus­trie prospère par des exécu-» tions mal­adroites, il im­porte cepen­dant de voir » main­tenant à quel min­i­mum de di­rec­tives il y a » lieu de con­vier les censeurs à se ral­lier, dans » l’intérêt bien en­tendu des en­fants qu’ils ont » mis­sion de défendre et de sauve­g­arder.

» C'est, sans con­tredit, dans le groupe des » pro­duc­tions que nous pour­rions dénom­mer » oeu­vres d’imag­i­na­tion, que nous serons appelés » à faire les plus am­ples moissons d’ob­ser­va­tions ».

En ce qui con­cerne la qualité de la pro­duc­tion, il est à re­mar­quer que mal­heureuse­ment la Bel­gique n’est pas un pays pro­duc­teur et qu’il, est donc im­pos­si­ble d’écarter, sans nuire grave­ment au loueur im­por­ta­teur, un film déjà acheté.

Ce sont donc les pays pro­duc­teurs: France, Italie, Etats-Unis, Alle­magne, An­gleterre qui de­vraient suivre les sages con­seils de l’au­teur au sujet de scénar­ios moins in­eptes, où l’in­vraisem­blable fait bon ménage avec l’in­suff­i­sance. Tons nous désirons que le cinéma allie da­van­tage le fond à la su­perbe forme déjà réalisée. On y tend, on y vient, point n’est be­soin de cen­sure pour cela.

Page 470: « Le re­spect de l’au­torité n’est pas ce » qui dis­tingue le plus notre je­unesse pop­u­laire.

» Elle a une prédis­po­si­tion na­turelle à l’irrévé-» rence et à la giossièreté. Cer­tains films cinéma-» tographiques peu­vent sin­gulière­ment al­i­menter » cette fâcheuse propen­sion en dévi­dant de­vant » les yeux du jeune spec­ta­teur émer­veillé les » roueries du cam­bri­oleur, du mal­fai­teur, de l’es-» croc qui roule la po­lice, qui blesse ou tue le poli-» cier, du ban­dit qui se moque des gen­darmes, du » juge, du tri­bunal, du gamin ef­fronté qui mécon-» naît l’au­torité de ses par­ents, de ses éduca­teurs,

» de ses pa­trons, qui les ridi­culise et les tx-ompe. »

Et le Guig­nol? Il n’a ja­mais fait que cela, et ce, pour un au­di­toire ex­clu­sive­ment en­fan­tin. Le Guig­nol fut-il ja­mais con­sidéx'é comme un sabo­teur de l'au­torité? Il ne faut pas pousser les choses à l’excès, sinon je défie de laisser paraître un seul fait-divers. Sou­vent aussi la chronique ju­di­ci­aire de­vrait être sup­primée. Et pourquoi ne pas in­lex--dire la chan­son: « Un accusé les yeux pleins de larmes di­s­ait à son président: faites donc sor­tir ce co­chon de gen­danne qui p... des pieds con­sidérable­ment ». Cela a-t-il ja­mais per­verti quelqu’un ni enlevé la ci-ainte salu­taire du gen­darme?

“ Les scènes de haut mau­vais goût, celles qui » provo­quent le rire par des ef­fets de contx-aste où » in­ter­vi­en­nent des éléments de gi-ossièreté, de » lâcheté, de saleté » '

C’est-à-dire sup­primer les 9/10 des films comiques. Est-il pos­si­ble d’exagérer à un tel point? La rue n’étale-t-elle pas aux yeux de l’en­fant des con­struc­tions du mau­vais goûts?

Faut-il pour cela y porter la pi­oche? Faut-il trans­former le paysan en gen­tle­man raf­finé, en­lever au com­mis­sion­naire la chique in­esthétique qui lui gon­fle la joue? Dans le ti-ain l’en­fant qui voy­age en troisième au tax-if des wag­ons de luxe d’autre­fois, pourra en­ten­dre des ex­pres­sions du plus mau­vais goût; faut-il lui in­ter­dire l’accès des wag­ons? Nous pour­rions mul­ti­plier les cas à l’in­fini; la grossièreté, les lour­des plaisan­ter­ies en­tourent l’en­fant de toutes parts et le cinéma n’y est pour presque rien.

“ Il suf­fit de voir dans les salles de spec­ta­cles » pop­u­laires avec quelle joie défi­rante l'en­fant » ac­cueille ces scènes d’ivi’ognerie où l’ac­teur » titube, tombe, roule au ruis­seau,-se souille de » di­verses façons. »

. Hélas, malgré les bonnes in­ten­tions de M. le min­istre de la Jus­tice, l’en­fant n’a pas be­soin d’aller au cinéma pour les voir « simulées ». Il les voit en réalité chez lui et en éprouve les ef­fets.

« En­vois de let­tres anonymes n’ont pas d’autres » orig­ines que l’école du cinéma. »

Com­ment un homme aussi cul­tivé que l’au­teur peut-il se servir d’un tel ai'gu­ment alors que cha­cun sait que la let­tre anonyme est aussi vieille que l’écri­t­ure, alors qu’on sait le rôle du fameux lion de bronze qui, à Venise, re­ce­vait dans la gueule les dénon­ci­a­tions anonymes au fameux Con­seil

— CINÉ-RE­VUE

des X. Tou­jours le film représente la let­tre anonyme comme un procédé lâche ou odieux. Nous n’avons heureuse­ment ja­mais ren­contré au cinéma que cet en­seigne­ment moral­isa­teur, et nous avons vu des films par mil­liei-s.

“ C’est l’école du cinéma qui iuduit tant de xni-» neui-s au vol, aux abus de con­fi­ance, aux es­cro-» queries, aux faux en écri­t­ure. »

Et c’est un juge qui écrit cela, sérieuse­ment. Les gosses com­mit­tent des rap­ines, ils ma­rau­dent, ils volant à la tira, soit; ils l’ont tou­jours fait puisque les écoles de réformes ont été in­stituées bien avant le cinéma; paut-on ad­met­tre chez le gosse le faux en écri­t­ure, l'escro jmei'ie qui ex­i­gent l’expéri­ence st le savoir faire? 11 eut été intéressant d’étayer l’ar­gu­men­ta­tion au moyen de sta­tis­tiques. On s’en garde bien, et pour cause. Au sur­plus, il faut dans l’opin­ion d’un mag­is­trat quelque bien in­ten­tionné et ca­pa­ble qu’il soit, faire la paît du parti-pris, de la défor­ma­tion pro­fes­sion­nelle. C’est de­venu une véri­ta­ble manie de de­man­der au jeune délin­quant s’il al­lait au cinéma (réponse af­fir­ma­tive dix fois sur dix) et d’at­tribuer à ce fait tous les mau­vais in­stincts aux­quels il a donné cours.

Ce jeune î-ou­blard, vi­cieux, sent qu’il trou­vei-a peut-être une atténu­a­tion de re­spon­s­abilité en flat­tant une manie de bon in­ter­ro­ga­teur, en en­dos­sant au cinéma la cause de son acte répréhen­si­ble-

Cei-tes, le gosse prédis­posé hérédi­taire­ment ou par vagabondage précoce, celui qui porte en germe les pires in­stincts de vol ou de lu­bricité ne s’amé-li­orei'a pas au cinéma, c’est en­tendu, mais il de­viendrait un mem­bre tout aussi indésir­able du corps so­cial si on sup­pri­mait toup les cinés.

Page 473: “ Noti-e énon­ci­a­tion n’a na­turelle-» ment i-ien de lim­i­tatif (elle est cepen­dant.plus » que complète puisque ce texte en mains, je me .» fais fort de n’ad­met­tre aucun film his­torique, » x-omanesque ou comique), elle est forcément » ex­em­pla­tive et nous ne sautions imag­iner de » dresser en quelques pages le cahier com­plet des » griefs ac­cu­mulés contx-e la con­cep­tion actuelle » du théâtx-e cinématographique. »

Poui-quoi l’au­teur s'arx-ête-t-il? Sa phrase est in­complète. Je comble la la­cune et j’ajoute: du théâtre lyrique, de comédie, de vaude­ville et d’opéx-ette, du guig­nol, des ex­hi­bi­tions foraines, des cirques, des mu­sic-halls, des plages à la mode, du jour­nal, de la carte postale il­lustrée, du manuel d’his­toix-e, même ex­purgé du code pénal et du code civil, peut-être même de la vie des saints! Où iri­ons-nous avec cette manie de mox-al­i­sa­tion ex­ces­sive?

« Qui évit­era (dans la com­mis­sion de contrôle) les di­ver­gences de vues et les con­tra­dic­tions. » A quoi sert donc la salle de délibéra­tion qu’oh a in­stallé? Puisque la dis­cus­sion est in­utile. Userait curieux de voir l’au­teur définir ex­acte­ment le film moral et im­mox-al, et d’in­di­quer la re­cette pour

faix-e des pro­grammes suff­isam­ment att rayants d’après sa méthode. Que resterait-il de réel, de vi­vant, d’hu­main? Pas de con­tes, pas de féerië, nulle pas­sion, pas le plus petit crime, pas de com­bats, pas d’his­toire, peu de voy­ages (ils pour­raient dévelop­per le goût des aven­tures). L’éclo­sion d’une fleur, la fab­ri­ca­tion des pipes en terre, la plage d’Os­tende ou de Trou­ville (sans les mail­lots de ces dames bien en­tendu) et quelques comédies à l’eau de rose, de na­ture à faire voir la vie sous un as­pect faux, voilà tout ce qui resterait à ex­hiber pour les mal­heureux ex­ploitants qui déclar­eraient ne tourner que pour famille et au bout de deux se­maines ils poux-raient fen­ner. Les mal­heux-eux qui in­stalle-i-aient des cinémas pour en­fants ne feraient pas leux-s frais. La vx-aie so­lu­tion est celle-ci: L’élim­i­na­tion doit se borner aux films policiers et à faire dans les autx-es films quelques coupures jugées op­por­tunes; le film di­dac­tique a sa place à l'école où il ne doit pas fau-e re­cette, et là le film vrai­ment en­fan­tin pourra con­stituer un stim­u­lant, une récom­pense.

La pro­tec­tion de l’en­fance limitée au seul cinéma et prenant fin à l’âge cri­tique de 16 ans est d’in­ten­tion à re­specter. Aussi les cinématographistes sont-ils prêts à le faire, à con­di­tion “ que la su­bor-di­na­tion dans les points de vue » n’ait pas pour conséquence de priver de leur gagne-pain 50,000 Belges hon­or­ables et ce pour un x-ésulat probléma­tique.

En effet, toute l’ar­gu­men­ta­tion de l'au­teur est basée sur des sup­po­si­tions, sur des apprécia­tions, sur îles im­pres­sions, des manières de voir. Cela est un peu mai­gre pour étayer ses dx-aconi­ennes con­clu­sions. Quelques faits probants, quelques sta­tis­tiques et une ap­pli­ca­tion généralisée de ce pro­tec­tion­nisme in­fan­til nous eu­ssent semblés plus solides comme ax-gu­men­ta­tion. S. U. C.

Adresses d’Artistes

René Gresté, 186, boule­vard Carnot, Nice.

Yvette Andréyor, 6, rue Meyer­beer, Nice.

Léon Mathot, 47, av­enue Félix Faure, Paris.

Gabrielle Bobine, 19, rue du Cirque, Paris.

Emi­fiy Lynn, 19, rue Car­dinet, Paris.

Sev­erin Mars, hôtel du Lux­em­bourg, prom­e­nade des Anglais, Nice.

Huguette D’uflos, 36, boule­vard Malesherbes, Paris.

Frank Keenan, R. Brunon Stu­dios, 5.311, Mel­rose av­enue, Los An­ge­les Cal­i­fornie U. S.

Dustin Far­num, (même adresse'.

Mary Miles Care of Re­alart Pic­tures, 112, West stx’eet, New-York.

Alice Brady, (même adi’esse).

Tom Mix, William Rus­sel, Pearl White, William Far­num, Fox Stu­dios, 1401, West­ern av­enue Los An­ge­les, Cal­i­fornie (J. S. A.


CINE-RE­VUE

LES JOLIS AC­CES­SOIRES

Avec quel soin la femme élégante choisit ces mille riens* détails char­mants, qui font toute l’har­monie et toute la beauté d’un en­sem­ble. Fins mou­choirs de linon trans­par­ent de forme ronde ou carrée, au­tour desquels un volant de tulle ba­dine légère­ment. Mou­choirs aussi jolis, mais d'un as­pect plus per­son­nel, qui sont in­crustés de soie vive ou brodés de de­vises ou de pe­tits paysages! Tous sont char­mants mais peut-être cepen­dant préférerez-vous à ces fan­taisies, le mou­choir aux ills ténus, im­pal­pa­bles, en­cadré d’une fine ap­pli­ca­tion .d’An­gleterre ou dîme jolie den­telle de Bruges,

Et les sacs? Com­bien divers et artis­tiques, avec leurs fer­moirs fouillés et tra­vaillés, qu’ils soient en bols ou en ivoire. Quelques-uns s’in­crus­tent de pier­res ou d’émaux pour s’as­sor­tir à la nu­ance ru­ti­lante de la soie brochée ou brodée. Les sacs en rubans sont Jolis au pos­si­ble ac­com­pa­g­nant les robes de

taffe­tas. Le sac de maro­quin ou d’an­ti­lope est pour lé matin quand on ar­pente l’as­phalte, vêtue d’un tailleur, chaussée de cuir brun et gantée de même nu­ance.

Vous par­lerai-je aussi, chères lec­tri­ces, des jolis co­l­ifichets, jabots de tulle, fichus de mous­se­line ou d’or­gandi qui égaient de leur fraîcheur nos blouses et nos tailleurs?

J’en ai vu de ravis­sants, ces iours-cl Les uns en tulle fin

λlissé, gar­nis de fine den­telle bre­tonne ou de Va­len­ci­ennes aunie, se bou­ton­nant de­vant par de pe­tites boules de corail, andis qu’un ruban corail, noué négligem­ment leur don­nait un ca­chet de chic in­dis­cutable.

Cer­tains fichus en fin tulle bis m’ont séduite égale­ment avec leurs pe­tits volants su­per­posés qui en­ca­drent très joll­men­tle décol­leté et seront d’une fraîcheur ravis­sante sur les robes de foulard.