Bron: FelixArchief nr. 1968#811
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“Le Miracle des Lcups,,
(Chronique du temps de Louis XI)
d'après le roman de M« H» DUPUY-MAZUEL
Adaptation de M. A. P. ANTOINE Direction artistique et mise en scène de M. RAYMOND BERNARD Musique de M. HENRI RABAUD, de l’Institut
Interprété par t
M. VANNI- MARCOUX
Charles le Téméraire
M. CHARLES DULLIN
Louis XI
M. ARMAND BERNARD
Bische
M. GASTON MODOT M. PHILIPPE HERIAT
Le Sire de Châteauneuf Tristan l’Hermite
M. MAUPAIN M. MAILLY
Fouquet Philippe le Bon
avec
Mad. YVONNE SERGYL
Jeanne Fouquet
M. ROMUALD JOUBÉ
Robert Cottereau
Le Miracle des Loups
PROLOGUE
EN ce temps-là (H61), la France qui sortait de la Guerre de Cent ans était en proie aux loups et à quelques seigneurs féodaux dont les convoitises et l’ambition créaient un état de guerre continuelle et dont les bandes armées se livraient aux pires exactions.
Le plus riche, le plus puissant d’entre eux, était Philippe le Bon, Duc de Bourgogne.
Après avoir été l’allié des Anglais, il s’était réconcilié avec le roi de France, Charles VII, mais il carressait toujours l’espoir de jouer un rôle prépondérant dans la direction du pays.
Son fils, le Comte de Charolais, futur Charles le Téméraire, prince magnifique et violent, possédait plus d’ambition encore.
Ils se croyaient l’un et l’autre, d’autant plus sûrs de dominer la France que Philippe le Bon avait recueilli en ses états son neveu, l’héritier du trône, le Dauphin Louis, exilé par son père. Le futur Louis XI, d’esprit subtil et de goûts simples, à l’opposé de son cousin Charles, se plaisait en la société des petites gens. Sous son apparence chétive, il cachait une âme ardente et nourrissait un grand amour pour la France dont il rêvait de constituer l’unité.
Or, il advint à cette époque que les aspirations de cette France divisée, mais assoiffée de bonheur se trouvèrent incarnées en deux êtres jeunes que l’amour avait rapprochés: Jeanne Fouquet, fille de Maître Fouquet, orfèvre, filleule du Dauphin, et Messire Robert Cottereau, porte-bannière de Bourgogne, frère de lait de Charles le Téméraire.
Et ce jour du mois d’août 1461, à Paris, Jeanne jugeant le moment favorable faisait savoir à Robert qu’il pouvait aller demander sa main à son père. Le jeune homme s’exécutait aussitôt, mais l’orfèvre lui répondait que, seul. Monseigneur Louis de France pouvait disposer de sa filleule. Jeanne rassurait son amoureux un peu inquiet en lui disant que son parrain ne savait rien lui refuser et que d’ici peu elle rapporterait de Genappe, où elle partait le voir avec Maître Fouquet, une bonne nouvelle.
Hélas, ce beau rêve devait être brisé pour longtemps., ar les graves événements qui se préparaient.
Et c’est ce qui fera l’objet de la présente chronique.
PREMIÈRE PARTIE
QUELQUES jours plus tard, Jeanne est auprès du Dauphin. Celui-ci, après" avoir écouté sa requête, répond tout d’abord qu'il lui déplaît que Robert Cottereau soit l’ami de Charles la Téméraire, puis, songeant à l’aide que le jeune homme pourrait lui apporter dans l’avenir, il demande à réfléchir, quand, soudain, Tristan l’Ermite, Prévost des Maréchaux de France, couvert de poussière, entre dans la salle et annonce la mort du Roi Charles VII.
Le Téméraire qui, en apprenant la grande nouvelle, s’est, précipité vers Genappe, arrive presque aussitôt pour saluer son nouveau souverain. Il est accompagné du Sire de Châteauneuf, personnage ambitieux et sans scrupules.
Châteauneuf aperçoit Jeanne qui s’apprête à repartir pour Paris avec son père. Il se précipite, car il en est épris depuis longtemps, et l’aide à monter sur sa mule.
Charles le Téméraire, familier, les bras ouverts, se présente devant Louis XI mais le Roi, le fixant de ses yeux graves, lui tend sa main à baiser, le forçant ainsi à un hommage inattendu.
La rage au coeur, l’héritier de Bourgogne se courbe; mais, en sortant, il dit à ses compagnons: “Nous nous sommes trompés, Louis sera plus dangereux que son père”. Dès cette minute, on sent que la lutte a commencé entre les deux hommes.
Après son courronnement, Louis XI s’est mis sans retard à la besogne, sapant les privilèges du parlement, de la noblesse et du clergé; cependant que le Téméraire, recueillant chez lui les mécontents, conspire déjà contre son souve/ rain, tout en cherchant à se concilier le peuple par des réjouissances et des distributions de vin.
Ce soir-là, le Duc de Bourgogne doit offrir au Roi la représentation d’un vieux "mystère,, du XIIIe siècle: “Le Jeu d’Adam”, sous sa fameuse tente de velours noir.
Le Sire de Châteauneuf rappelle Jeanne Fouquet à Charles le Téméraire: “Si vous me la donniez pour femme, elle serait pour vous un précieux gage. Monseigneur, car le Roi la chérit comme sa fille.,, — “Fais donc en sorte, répond le Comte, de la conduire auprès de moi tout à l’heure.,,
Pendant la représentation, Jeanne qui a trouvé le moyen de rejoindre Robert Cottereau à qui elle exprime ses craintes, est abordée par le Sire de Châteauneuf venu la chercher pour la conduire auprès de son maître, cependant que Robert est envoyé exécuter un ordre.
Jeanne entre dans le cabinet de velours de Charles le Téméraire où elle croyait retrouver le Roi. Charles la reçoit avec une feinte courtoisie; puis soudain, la pousse dans les bras de son favori. La jeune fille en se débattant fait rouler sur le sol la couronne de Bourgogne posée sur un coussin.
Mais Louis XI paraît bientôt suivi de Tristan et de nombreux seigneurs. Il jette un regard terrible à Châteauneuf; puis, avisant la couronne tombée sur le tapis, il a un imperceptible sourire. Il la ramasse, la contemple et soudain s’écrie en riant: “Par Notre-Dame, elle est cassée 1 „ Puis il se retire dignement avec sa filleule à son bras.
L’insulte a été publique. Le Téméraire hors de lui, réunit les gentilhommes de sa suite et tous, l’épée haute, jurent de venger l’honneur de la maison de Bourgogne.
Robert Cottereau hésite une seconde. Tous ses jolis espoirs s’écroulent.
CHARLES LE TÉMÉRAIRE
Mais le devoir l’emporte, il jure avec les autres de rester fidèle à son maître.
Les Princes quittent Paris la nuit même.,.. La guerre est inévitable. Robert va faire ses adieux à Jeanne qui tente en vain de le retenir. Il fuit comme un fou et rejoint l’armée bourguignonne, pendant que le pont-levis de la porte de Paris se relève lentement.
Un premier fossé s’est créusé entre les amants.
Presque aussitôt, fomentés par les intrigues du Téméraire, des soulèvements ont lieu en plusieurs endroits du pays; enfin jetant le masque, l’héritier de Bourgogne s’avance à la tête d’une forte armée vers Paris.... Le Roi qui revenait de châtier les rebelles du Midi, se heurte aux forces du Téméraire à Monthléry.
Bataille confuse durant laquelle les archers français mirent en déroute une aille bourguignonne commandée par le Sire de Saint-Pol et composée d’hommes d’armes mal équipés, la plupart sans armures, cependant que, de l’autre côté Charles le Téméraire avec ses chevaliers enfonçait l’aile gauche française où se trouvait le Comte du Maine.
Le bruit de sa mort ayant couru et la panique se mettant dans ses troupes, Louis XI enleva son casque pour se faire reconnaître et ramena ses gens au combat. Le Téméraire, s’étant aventuré trop loin, se trouva brusquement isolé. Comme il revenait sur ses pas, il fut assailli par des hommes d’armes français et jeté bas de son cheval. Il aurait infailliblement péri, si Robert Cottereau, se battant avec furie pour dégager son maître, ne lui avait fait un rempart de son corps.
Celui-ci, ému, l’arma sur le champ Chevalier, créant ainsi entre lui et son frère de lait de nouveaux liens de reconnaissance et d’amitié.
Cette bataille indécise sauva néanmoins Paris, mais le Traité de Conflans qui suivit ne fut, hélas! qu’une trêve.
Jeanne et Robert qui avaient pu espérer un moment être réunis, se trouvèrent à nouveau séparés.
DEUXIÈME PARTIE
ILS le furent pendant longtemps, car Charles le Téméraire, devenu Duc de Bourgogne après la mort de son père, se trouvait obligé de guerroyer sans cesse contre ses sujets, que sa violence et son âpreté Acculaient à la révolte. Dinant, Liège, Bruges connurent tour à tour son implacable cruauté.
Ayant rassemblé son armée du côté de Péronne, il s’apprêtait à reprendre
la lutte contre Louis XI. Le Roi, qui n’aimait point la gC re et avait en son cœur grande pitié pour le pauvre peuple, fit demander une entrevue â son cousin de Bourgogne.
Le Téméraire accepta et signa un sauf-conduit que Robert Cottereau fut charger de porter au Roi.
Robert arriva au château des Tournelles au moment où se trouvaient près de Louis XI Jeanne Fouquet et son père, que le souverain a mandé pour lu> confier une mission. (
Les jeunes gens sont émus, mais ne se parlent pas. Louis qui voit leur souffrance tente de gagner Robert à sa cause, mais en vain. Le Roi ordonne alors à Fouquet de s’asseoir à sa table et d’écrire sous sa dictée une lettre qu’il ira porter ensuite aux habitants de Liège prêts à se révolter une fois encore contre Charles le Téméraire.
Ceci fait, il se tourne vers Robert qui a entendu les conseils contenus dans cette lettre, et lui dit: “Puisque vous m’accompagnez à Péronne, Messire, vous pourrez dire là-bas combien nous aimons la paix,,. Le roi part pour aller rejoindre le Duc de Bourgogne et, un jour plus tard, Fouquet se met en route pour Liège, accompagné de Jeanne qui n’a pas voulu le laisser partir seul.
A Péronne, le léopard et le renard sont de nouveau face à face.
Charles!e Téméraire tout d’abord sur la défensive se laisse peu à peu gagner par la bonne grâce joviale du Roi, mais voici que soudain un courrier, dont le Sire de Châteauneuf a réglé l’arrivée, vient annoncer que Liège s’est soulevée sur l’ordre de Louis XI. Charles, blême de fureur, sort de la salle dont il ferme la porte à clé. Le Roi, qui entend jouer la serrure demeure perplexe. Ses yeux se portent par hasard sur un échiquier et il murmure: “Echec au Roi.”
Le Téméraire est au milieu de ses conseillers dont il sollicite les avis. Châteauneuf s’écrie: “La félonie du roi mérite la mort,” Mais Robert Cotterau intervient: “Ce n’est pas lui qui a soulevé la ville, ose-t-il dire. Je vous en apporterai preuve avant ce soir.” Robert sort en toute hâte pour sauter à cheval, ma Châteauneuf s’est précipité au dehors. Il guette son rival dans un couloir du palais et lui donne dans le dos un violent coup de poignard.
Robert s’écroule. Quand il revient à lui, il voit penché sur lui son écuyer qui venait le rejoindre. “Cherche.Maître Fouquet, lui ordonne-t-il, et dis-lui d’apporter en hâte ici la lettre qu’il détient. II y va de la vie du Roi."
Mais pendant ce temps, Châteauneuf est déjà parti. Il galope à toute allure à travers la campagne couverte de neige pour retrouver les hommes à lui qui suivent depuis Paris la voiture de Fouquet. Il les a rejoints, quand il aperçoit l’écuyer de Robert Cotterau. Il s’empare d’une arbalète et le blesse grièvement. Le fidèle serviteur peut, néanmoins, rattraper Fouquet et lui transmettre l’ordre dont il est chargé — puis il tombe mort.
L’orfèvre comprend qu’il ne va pas tarder à être attaqué. Il confie la précieuse lettre à Jeanne et lui ordonne de gagner Péronne à travers bois. Jeanne obéit, la mort dans l’âme. Bientôt, Châteauneuf et ses compagnons ont rejoint Fouquet, qu’ils poignardent. Mais ils fouillent en vain le malheureux et ses bagages. Une mante de femme leur révèle que Jeanne était là. Ils se lançent à sa poursuite.
La jeune fille fuit, ses pieds s’enfoncent dans l'énorme couche de neige, elle tombe, se relève, court essoufflée, mais les poursuivants se rapprochent. Elle va tomber entre leurs mains. Une rivière glacée se trouve tout à coup devant elle. Sans hésiter, elle s’aventure sur cette route incertaine: elle parvient à gagner l'autre rive, et, semblable à un grand oiseau blessé, s’abat sur le blanc linceul. Châteauneuf, à son tour, s’est élancé sur la glace, mais celle-ci se brise. Il est dans l’eau jusqu’au épaules. Jeanne se relève pour fuir plus loin. Mais, en se retournant, elle aperçoit une bande de loups sortir du bois. Folle de peur, elle veut revenir en arrière, mais elle voit la face cruelle du Sire de Châteauneuf et de ses
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compagnons, loujUfius terribles encore. Alors elle va vers les fauves et tombe à genoux. Les loups se sont approchés; mais, ô miracle, surpris par l’immobilité de la jeune fille, ils tournent autour d’elle sans lui faire du mal et se couchent à ses pieds.
Châteauneuf et ses hommes traversent la rivière. Mais devant leur attitude menaçante, les loups redevenus subitement féroces se jettent sur eux. Une terrible bataille s’engage. Châteauneuf est cruellement blessé, plusieurs Bourguignons sont tués. Jeanne, profitant du désarroi, saute sur un cheval et parvient à gagner Péronne, apportant à Robert la lettre du Roi. Le porte-bannière se traîne jusqu’auprès du Téméraire. Celui-ci lit la missive royale: “Mes bons amis, le bruit vient jusqu’à moi que d’aucuns d'entre vous se veulent rebeller contre mon cher cousin Charles. Je vous supplie de n’en rien faire et de me laisser arranger toute chose. Il n’y a rien de plus abominable que la guerre.,,
Le Duc de Bourgogne n’a plus aucun prétexte pour mettre à exécution l’effroyable dessein suggéré par Châteauneuf. Sa loyauté de gentilhomme reparaît. Mais il profite de la circonstance pour faire signé au roi un traité léonin.
Libre enfin, sauvé par Robert et Jeanne, Louis XI sort du palais ducal au bras de cette dernière. Il se retourne vers Cottereau. Celui fait un mouvement pour suivre celle qu’il aime... Mais Charles le Téméraire le retient... Le jeune homme demeure encore fidèle à son devoir.
Une troisième fois l’abîme s’ouvre sous les pieds des deux amants. Ils sont à présent séparés pour toujours.
TROISIÈME PARTIE
ORPHELINE maintenant, désespérée, certaine d’ignorer pour jamais le destin de celui qu’elle aime, Jeanne Fouquet s’est retirée à Beauvai3 chez une de ses parentes.
Soudain, Charles le Téméraire reprend la lutte contre le Roi Louis XI. Il envahit la France, prend Nesles dont il fait massacrer les habitants et s’avance sur Beauvais dont le viguier veut ouvrir les portes afin d’éviter le pillage. Mais Jeanne harangue la foule et, brandissant une hache, jure de tuer le premier ennemi qui franchira les remparts.
Son exemple enflamme tous les courages. La population court vers les lices. Le Roi, qui se trouve à Pontoise, donne pendant ce temps l’ordre aux cavaliers de Noyon de se porter au secours de Beauvais.
L’armée du Téméraire est devant les murs. Or, par un hasard tragique, celui qui doit commander l'assaut est justement Robert Cottereau.
Ainsi, igaorant l’un et l’autre qu’ils sont aujourd’hui opposés dans cette lutte farouche, les deux amants vont s’affronter en pleine bataille.
Le siège commence. Les troupes du Téméraire placent leurs échelles et tâchent d’atteindre les créneaux. Les bombardes battent les murs pour ouvrir une brèche. Jeanne se prodigue sur tous les points. Les femmes, les vieillards, les enfants luttent héroïquement, jettant sur les assaillants des pierres, de l’huile bouillante, pendant que les hommes armés d’arcs et de bâtons à feu tirent sur l’ennemi. Jeanne, d’un coup de hache, tue un soldat bourguignon et lui arrache sa bannière qu’il plantait au sommet des remparts. Elle conquiert à cette minute le nom sous lequel dorénavant elle sera connue: Jeanne Hachette.
Ce premier assaut ayant été repoussé, Robert Cottereau s’élance avec les renforts et parvient à enlever les faubourgs de la ville. Châteauneuf est en avant, se battant furieusement. Soudain, parmi les combattants, il reconnaît Jeanne Fouquet et un sourire mauvais plisse sa bouche.
Débordés, accablés par le nombre, les héroïques défenseurs de cette partie de la ville se réfugient avec Jeanne dans une tour avancée.
À ce moment, Châteauneuf dit à Cottereau qui arrivut chaud du combat: “Je vous cède l’honneur de briser cette dernière résistance,,.
Robert le remercie, ordonne d’enfoncer la porte de la tour. Comme les défenseurs sont montés à l’étage supérieur, le porte-bannière fait apporter de la paille et des fagots qu’on enflamme, afin d’enfumer les malheureux. A moitié étouffés, ceux-ci redescendent et sont tués au fur et à mesure. Jeanne, elle, est montée plus haut encore; elle ramasse un arc et, par une meurtrière tue d’une flèche un homme d’armes qui se trouve à côté de Cottereau qu’elle ne peul( reconnaître. Furieux, Robert tire son épée et s’élance à travers la fumée pour tuer l’archer invisible.
Jeanne saisit une hache et frappe de toutes ses forces sur cet ennemi inconnu qui paraît couvert par son bouclier. Robert, à son tour, frappe. Jeanne chancelle et tombe, blessée au front. A ce moment, se découvrant pour achever son adversaire, le bourguignon reconnaît celle qu’il n’a pas cessé d'aimer.
Fou de douleur, il serre dans ses bras la jeune fille évanouie et l’emporte vers le sommet de la tour.
Mais Châteaneuf l’a rejoint. “Cette femme est la prisonnière du Duc, s’écrie-t-il! En la sauvant, vous trahissez.,,
Robert, comprenant la fourberie de son rival, s’élance sur Châteaneuf. Les deux hommes se battent avec fureur. Enfin, Cottereau, saisissant son adversaire à la gorge, réussit à le jeter par-dessus les créneaux. Le malheureux en tournoyant vient s’écraser sur le sol, juste devant le Téméraire.
Celui-ci se précipite pour venger son compagnon, au moment où Robert sort de la tour, portant Jeanne dans ses bras. Le Duc lève sa masse d’armes, mais Cottereau s’agenouille et lui tend son épée. Dans une rapide vision, le Duc revoit le dévouement du chevalier à Monthléry et laisse retomber son bras.
Mais les quinze cents cavaliers de Noyon entrent dans Beauvais, les Bourguignons sont repoussés, et Charles le Téméraire est entraîné dans la déroute de son armée. Il se voit contraint de lever le siège, cependant que Robert deveniij définitivement français demeure dans la ville avec celle qui sera bientôt sa femme.
La résistance de Beauvais sauva la France.
Plus tard, Charles le Téméraire, aveuglé par son orgueil et par son ambition, devait briser sa puissance sur les piques de Suisses à Morat, puis périr, dernier grand loup, sous les murs de Nancy.
Les féodaux étaient vaincus. La Bourgogne allait bientôt être réunie à la France, comme Robert le Bourguignon venait d’unir sa destinée à celle de Jeanne la Française.
L'unité nationale était dès à présent assurée.
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HET VOORSPEL
MET het einde van den honderdjarigen oorlog keerde echter de vrede in Frankrijk niet terug. Het bloedende land bleef ten prooi aan de wolven en aan de gewapende benden van ijverzuchtige leenheeren die zich schuldig maakten aan de vreeselijkste verdrukking en de nijpendste afpersingen.
De rijkste en ook de machtigste van hen was Fiiips-de-Goede, Hertog van Burgondië. Hij was de bondgenoot geweest der Engelschen maar verzoende zich met den Koning van Frankrijk, Karel VII, met de geheime hoop toch éénmaal een leidende rol te spelen in het bestuur van zijn land.
Zijn zoon, de Hertog van Charolais, toekomstige Karel-de-Stoute, smeedde nog ijdeler plannen en was des te zekerder van Frankrijk te beheerschen wijl, Fiiips-de-Goede in zijn staten, zijn neef had opgenomen, de troonopvolger, door zijn vader verbannen.
De toekomstige Lodewijk XI bezat een goede inborst, was eenvoudig en leerde alzoo zijn volk van dichtbij kennen, want boven alles beminde hij zijn land, waarvan hij de eenheid wilde hersmelten.
En het gebeurde dat twee jonge lieden die mekaar vurig beminden een beslissende rol zouden spelen, in de geschiedenis van dit tijdvak: Jeanne Fouquet, dochter van Meester Fouquet, petekind
van den Dauphin en Robert Cottereau, vaandeldrager van Bur-gondië, zoogbroeder van Karel-de-Stoute.
In de oogstmaand van het jaar 1461 ging Robert dan ook aan Meester Fouquet, de goudsmid, om de hand zijner dochter verzoeken, maar kreeg voor antwoord dat alleen Monseigneur “ Louis de France” over zijn petekind beschikken kon. Jeanne stelde haar beminde gerust: haar peter kon haar niets weigeren. Zij zou nog binnenkort naar Genappe reizen, vergezeld van haar vader en van
daar het gunstige antwoord medebrengen....
Die mooie droom zou echter voor langen tijd worden gebroken door de onheilspellende gebeurtenissen die zich voorbereidden.
HET EERSTE DEEL
EENIGE dagen later, terwijl Jeanne haar peter, de Dauphin, smeekt haar geluk te bestendigen en haar Robert te geven, komt plots Tristan l’Ermite, de provoost van Frankrijk’s maarschalken, Lodewijk melden dat de Koning stierf.... Karel-de-Stoute, het groote nieuws vernemend, snelt naar Genappe om den nieuwen vorst te groeten. Hij is vergezeld van Heer de Château-neuf, een gewetenloos en eerzuchtig personnage die, verliefd op Jeanne, de hoop koestert eenmaal ze in zijn macht te hebben.
Karel-de-Stoute, vriendschappelijk en met open armen, begroet Lodewijk XI. Doch de koning, hem diep-indringend aanstarencf verplicht hem tot den vernederenden handzoen... Met grimmigen nijd in het hart buigt de Burgonder... Maar meteen is de strijd tusschen beide mannen begonnen.
Lodewijk XI werd gekroond doch de kreten van “ Leve de Koning” waren nog niet gansch uitgestorven, wanneer de nieuwe vorst de voorrechten van het Parlement, den adel en de geestelijkheid afschafte, wat een geweldige beroering opwekte.
Hiervan maakte Karel-de-Stoute handig gebruik en verzamelend de ontevredenen, smeedt hij een komplot tegen zijn souverein en tracht de volksgunst te winnen door spel en wijn.... Dien avond zal de Hertog van Burgondië den Koning een voorstelling aanbieden van het middeleeuwsch mysteriespel “ Het Adamspel”, in zijn beruchte tent van zwart fluweel. Messire de Châteauneuf herinnert dan Karel-de-Stoute Jeanne Fouquet: “ Indien U ze mij tot vrouw geeft, is zij voor U een kostbaar pand, Monseigneur, want de koning bemint ze ais zijn dochter”, waarop beslissend, de Graaf van Charolais antwoordde “ Voer ze straks hierheen ”.
En inderdaad, enkelen tijd nadien komt Jeanne in de tent waar zij dacht den koning te ontmoeten, doch waar, met een valsche hoffelijkheid, Karel-de-Stoute ze ontvangt. Dan, plots, duwt hij het meisje in de armen van zijn gunsteling. Korte, heftige strijd, tijdens denwelke de Burgondische kroon op den grond rolt.
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Daar verschijnt Lodewijk XI, gevolgd door Tristan en een menigte ridders... Hij ziet de kroon en met een subtielen glimlach raapt hij ze op, bekijkt ze en roept uit, al lachend: “Par Notre-Dame, zij is gebro-Ken!...” en trekt zich terug met Jeanne aan den arm.
De hoon is vlijmend geweest. Buiten zich zelve van woede en haat roept Karei de Stoute de edellieden bijeen en allen zweren op het zwaard, de eer te wreken van Bur-gondië’s Huis; Robert Cottereau aarzelt een oogenblik.... Al zijne schoone droomen storten ineen. Maar de plicht is hem heilig en met de anderen zweert hij zijn meester trouw.
Dienzelfden nacht verlaten de prinsen Parijs. De oorlog is nu onvermijdelijk. Robert gaat afscheid nemen van Jeanne, met de dood in het hart. Tevergeeefs tracht het meisje den beminde te weerhouden. Hij vlucht als een gek en vervoegt het Burgondisch leger, op het oogenblik zelf dat de valbrug van de Parijzer veste langzaam wordt opgehaald ....
Zoo werd de afgrond tusschen de twee geliefden gegraven.
Bijna op hetzelfde oogenblik, breken opstanden los in de verschillende gedeelten van het land, opstanden aangevuurd door Karei de Stoute’s intriges. Tot hij, afleggend het masker, aan het hoofd van een machtig leger tegen Parijs optrekt... De koning, terugkeerend van de onderdrukking in het Zuiden, stuit op dit leger te Monthléry.
Een strijd ontbrandt: een onduidelijke, onbesliste slag die het nuttelooze offer werd van vele menschenlevens, maar toch Parijs redde, al zou het “Verdrag van Conflans”, die op den veldslag volgde, slechts een wapenstilstand beteekenen.
Tijdens dien slag redde Robert het leven van Karei de Stoute en werd, op staanden voet tot ridder geslagen, hem alzoo nog nauwer bindend aan zijn zoogbroeder.
HET TWEEDE DEEL
NA den dood van zijn vader werd Karel-de-Stoute hertog van Burgondië. Door zijn onverbiddelijke wreedheid en zijn onverzoenbare grimmigheid moest hij voortdurend opstanden dempen in zijn landen. Dinant, Luik, Brugge zouden, alsdan de meest tragische dagen hunner geschiedenis doorworstelen* Doch den strijd met Lodewijk gat hij niet op en voor een nieuwen slag schaarde hij zijn leger te Péronne.
Lodewijk, die medelijden had met zijn volk en afschuw van den oorlog, stelde een samenkomst voor met zijn neef van Burgondië. Karel-de-Stoute nam het voorstel aan en Robert Cottereau zou de vrijgeleide den koning overhandigen.
In het kasteel der Tournelles wordt hij door den vorst ontvangen die bij zich had Jeanne en haar vader, wien hij tot opdracht gaf een schrijven ten spoedigste te dragen naar Luik, op het punt andermaal op te staan tegen Karei de Stoute, deze stad bezwerend de vrede te bewaren.
Een groote ontroering grijpt de beide jonge lieden aan, Lodewijk die hun smart ziet, tracht te vergeefs Robert voor hem te winnen.
De koning gaat dan den Hertog vervoegen, terwijl meester Fouquet afreist naar Luik, vergezeld van zijn dochter.
Te Péronne staan de vos en het luipaard nogmaals tegenover mekaar, — Karel-de-Stoute, eerst norsch en gesloten, laat zich lang{ zamerhand overwinnen door Lodewijk’s joviale overreding. Doch daar komt plots een koerier, wiens aankomst geregeld werd door Messire de Châteauneuf, melden dat de oproer was losgebroken te Luik, op bevel van Lodewijk XI... Karei de Stoute, voor dat nieuwe bedrog, trekt zich terug, bleek van woede, de deur achter zich grendelend: zoo is de Koning Karel’s gevangene.
De hertog van Burgondië verzamelt zijn raadsheeren. In die zitting, die te beslissen heeft over het lot van den koning en waarbij zijn dood wordt geëischt door Châteauneuf, verklaar tRobert dat niet de koning de stad heeft opgeruid en dat hij de bewijzen daarvan nog den zelfden avond zal voorleggen.
Hij gaat heen doch wordt in een der gangen door een dolksteek getroffen en stort bloedend neer, doch kan zijn schildknaap nog het bevel geven dadelijk meester Fouquet te achterhalen en ten snelst het dokument, waarvan hij drager is, aan den Stoute te bezorgen.
Doch intusschen is Châteauneuf reeds vertrokken en vervoegt zijn lieden die, van uit Parijs, het rijtuig van Fouquet achtervolgden. Robert’s schildknaap ziende treft hij deze doodelijk. De trouwe dienaar kan echter toch nog Fouquet inhalen en hem het bevel overmaken, waarna hij dood neerstort.
De goudsmid weet nu dat men hem zal overvallen en vertrouwt het kostbare stuk aan zijn dochter toe, die doorheen de
bosschen, nu. A trachten Péronne te bereiken. Zij gehoorzaamt, met de dood in de ziel. Weldra hebben Châteauneuf en dezes aanhan-gersFouquet's rijtuig bereikt en ploffen hun dolk in den ongelukkige, maar vinden natuurlijk het dokument niet. Een vrouwenmantel verraadt echter dat Jeanne bij hem was. Zonder één oogenblik te / verliezen, zet men het meisje na.
In de onmetelijkheid van sneeuw vlucht Jeanne voort, buiten adem, wanhopig, met haar achtervolgers op de hielen. Zij gaat in hun handen vallen. — Een bevroren stroom kronkelt voor haar. Zonder aarzelen waagt zij zich op de ijsschaal en bereikt den anderen oever waar zij, als een groote gekwetste vogel neerstort in den sneeuw. Châteauneuf heeft op zijne beurt zich gewaagd op het ijs, doch onder zijn gevaarte breekt de ijskorst door en hij zinkt in het water tot aan de schouders. Jeanne wil nu verder vluchten, — Daar uit het bosch ziet ze dan plots wolven opdagen. Waanzinnig van afgrijzen wil zij op haar stappen terugkeeren, doch ziet het beestachtige gelaat van Messire de Châteauneuf en dat zijner vrienden, nog verschrikkelijker wolven dan de anderen. Dan gaat zij naar de roofdieren en valt op de knieën. De wolven zijn haar genaderd. Een wonder gebeurt. Getroffen door de onbeweeglijkheid van het meisje draaien zij er rondom, zonder haar eenig letsel te doen en vleien zich aan haar voeten neer.
Châteauneuf en zijn mannen willen kost wat kost het papier l( emachtigen, steken den stroom over. Doch voor hun bedreigende houding worden de wolven weer zich zelf en werpen zich op hen. Vreeselijke kamp met de roofdieren. Châteauneuf wordt gruwelijk gekwetst. Verscheidene Burgonders worden gedood. Jeanne, van de paniek gebruik makend, springt te paard en gelukt erin Péronne te bereiken. Zoo kan Robert aan Karel-de-Stoute het dokument overhandigen, hetwelk aan de koning de vrijheid moet weergeven.
Karel-de-Stoute laat Lodewijk een vernederend verdrag teekenen doch schenkt hem de vrijheid terug.
Robert wil degene volgen die hij lief heeft doch Karel-de-Stoute houdt hem terug. — Ten tweede male zal hij zijn plicht gestand blijven.
HET DERDE DEEL
PLOTS hervat Karel-de-Stoute den strijd tegen Lodewijk. Hij dringt in Frankrijk, neemt Nesles in, waarvan hij de bewoners laat ombrengen en dringt naar Beauvais op. Reeds wil de landvoogd, om een plundering te vermijden, de poorten openen. — Daar springt plots een vrouw uit het volk, met een bijl in de hand, zwerend den eersten vijand die de vestingen bereikt omver te hakken — het is Jeanne Fouquet die, nu wees, zich bij een familielid te Beauvais had teruggetrokken.
Haar voorbeeld vuurt de harten aan. Gansch de bevolking
snelt naar de wallen, besloten zich tot het uiterste verdedigen.
De koning die zich te Pontoise bevindt, geeft intusschen het bevel aan zijn ruiters van Noyon om Beauvais ter hulpe te snellen.
Het leger van Karel-de-Stoute staat nu voor Beauvais’ muren, aangevoerd door Robert Cottereau.
Zoo zullen de twee geliefden dus als vijanden, mekaar b& vechten, in óppersten strijd, zonder het te weten. '
Het beleg vangt aan in al zijn vreeselijkheid. — De eerste Burgonder die zich boven op den walmuur vertoont en zijn vaandel daar planten wou, wordt door Jeanne met een bijlslag gedood.
De eerste aanval stort aldus ineen. Robert waagt het ten tweede male, met nieuwe versterkingen, gelukt er in de voorsteden te overweldigen. Châteauneuf vecht als een tijger en wanneer hij Jeanne herkent komt een wreeden lach zijn hatelijken mond krullen.
Voor het getal moeten de heldhaftige belegerden zich terugtrekken uit dit gedeelte der stad naar een toren uit den ringmuur
Onder de leiding van Robert zelf zullen de Burgondiërs dezen toren aanvallen. Hij laat stroo en hout halen en steekt er het vuur aan zoodat de verdedigers half verstikt verplicht zijn hun schuilplaats te ontvluchten om dan door de Burgonders als vee te worden neergemaaid. Jeanne echter is er in gelukt tot aan de tinnen te klimmen. Zij vindt een boog en een pijl afschietend treft zij een soldenier die zich juist naast Robert, dien zij niet kon herkennen, bevond.
Woedend trekt Robert zijn zwaard en doorheen de roef bestormt hij de trappen om den onzichtbare te dooden.
Jeanne grijpt haar bijl en hakt uit alle macht naar dien onbekenden vijand, terwijl Robert zich dekte met zijn schild. Robert op zijn beurt slaat toe. Jeanne stort neer, aan het voorhoofd gekwetst. Dan herkent Robert degene welke hij steeds heeft liefgehad.
Châteauneuf eischt Jeanne op als gevangene van den hertog... Robert werpt zich op hem en het wordt een wilde strijd. Robert, hem vastgrijpend uit al zijn kracht, gelukt er in hem over de tinnen te werpen en de verrader valt neer voor de voeten van den hertog.
Deze wil zijn vriend wreken. Robert verschijnt plots, dragend op zijn armen de bewustelooze Jeanne. Hij knielt voor zijn hertog, biedt hem zijn zwaard aan. Karel-de-Stoute herinnert het slagveld van Monthléry, waar Robert hem het leven redde.... Doch daar naderen de 1500 ruiters van Noyon. De Burgonders worden verdrongen en Karel-de-Stoute wordt meegesleurd in den aftocht van zijn leger.
Robert blijft bij zijn beminde, eindelijk Franschman geworden.
De weerstand van Beauvais redde Frankrijk.
Karel-de-Stoute, verblind door zijn heerschzucht, zou later zijn macht zien gebroken worden op de kimmen van Zwitserland, te Morat, om als een hond te sterven, onder de muren van Nancy.
Zoo werd Burgondië aan Frankrijk gehecht, zooals Robert de Burgondiër zijn leven hechtte aan dat van Jeanne, de Fransche....
Hef Alirakel der Wolven
(Kronijk ten tijde van Lodewijk XI)
, naar de roman van M. H. DUPUY-MAZUEL
Filmaanpassing van M. A. P. ANTOINE Kunstleiding en insceneering van M. RAYMOND BERNARD Muziek van M. HENRI RABAUD
Dramatis Personae:
M. VANNI-MARCOUX
Karel-de-Stoute
M. CHARLES DULL1N
Lodewijk XI
M. ARMAND BERNARD
Bische
M. GASTON MODOT M. PHILIPPE HER IAT
De Heer van Châteauneuf T ristan-de-Kluizenaar
M. MAUPAIN M. MAILLY
Fouquet Filips de-Goede
met
Mevr. YVONNE SERGYL
Jeanne Fouquet
M. ROMUALD JOUBË
Robert Cottereau