Programme from 18 to 23 Feb. 1922



Booklet

Bron: FelixArchief nr. 1968#433

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affaires, et lorsqu’il fut devenu veuf, il nous confia, nies sœurs, mes frères et moi, à des femmes indiennes qui nous élevèrent avec leurs enfants. C'étaient nos petits compagnons de jeux. Et quels jeux! J’avais environ quinze* ans lorsque mon père’ revint à New-York afin de nous faire donner une instruction qui, forcément, avai t été assez négligée.

J’avais tellement la nostalgie de cette vie de l'Ouest que je me préparais à entrer à l’école militaire deWest-Poi’ où à dix-huit ans je fus admis après un bri* examen. N'étant pas naturalisé América* nationalité d’Anglais nuisit à l’avenir de rière militaire, que je fus obligé d’aban-'

' J’eus urn (moment l’initention d'

Australie, mais mon père me ce en Angleterre où nous avion famille. Après un court, séj'

Je suis né le 6 décembre 1876, à New-Burgh (Etat de New-York).

Mon père était d’origine anglaise et ma mère Irlandaise.

J’étais en bas-âge lorsque mes parents allèrent s’installer dans le Dakota, en plein Far-West. C’est vous dire cpx’avant d'avoir lu les récits de Gustave Aimard et du capitaine Maynt Reid, je les avais vécus en partie.

Mon père s’absentait très souvent pour ses

l.e grand ami des foules, l’artiste de cinéma au jeu le plus naturel, puisqu’il vécut d’abord les seènes avant de les reproduire devant la lentille de l’opérateur, a bien voulu re tracer lui-même, en lelques ligne s condensées, un aperçu de sa vie originale et mouvementée.

Nous avons donc ouvert nos colonnes à la prose du grand réalisateur des romans du Far-West; voici ce que conte William Hart:


voulus connaître la France. En 1889, je débarquais un matin à Calais, et le soir même j’arrivais là Paris.

J’y fus tour à tour interprète, homme de confiance d’un joaillier près du coffre-fort duquel je veillais la nuit, puis ensuite professeur de boxe dans une salle d’arme très fréquentée du quartier de l’Etoile.

Presque tous les soirs j’allais au théâtre, et mes théâtres préférés étaient, avec l’admirable Comédie-Française, les grands théâtres de drames, tels que celui de la Ponte-Saint-Martin. Jeane souviens qu’avec quelques amis très admirateurs du talent de Mme Cécile Sorel, qui fut — mais n’allez pas le lui dire! — mon premier « Sweet Heart », nous nous cotisâmes pour lui envoyer quelques fleurs qu’elle daigna agréer.

L’été vint. La salle d’escrime m’était plus guère fréquentée. Les théâtres se fermèrent les uns après les autres, et, très seul en votre immense Paris, où je ne connaissais personne, je le quittai un soir brusquement, traversai Londres, m'embarquai à Liverpool et débarquai à New-York, où je ne restai pas longtemps, car je venais d’être touché par la vocation théâtrale qui me ramena en Angleterre, où je trouvai le moyeni de me faire engager dans des emplois extrêmement modestes.

Faisant partie en 1890 de la troupe de D. B. Bandmanm, je revins en Amérique. Je ne gagnais que douze dollars par seanaine et je jouais des rôles un peu plus importants.Ayant été remarqué par Mme Modjeska, la célèbre comédienne américaine, je fus l’interprète de quelques rôles assez importants, tels que celui de Roméo. Le succès couronna mes efforts et je fus considéré comme un des meilleurs comédiens de Broadway où j’interprétai, d’après votre légende historique du « Masque de Fer », « The man with the iron mask ».

C’est au théâtre que je fis la connaissance de presque foutes les vedettes cinématographiques américaines, telles que Dustin Far-num et Th. Ince qui, devenu metteur en scène de la New York Motion Pictune Co, m’offrit en mai 1914, de faire du cinéma.

Mon premier rôle cinématographique fut celui d’un cow-boy, ce qui me permit de revivre imaginativement cette vie du Far West que je regrettais sans cesse. De là vient peut-être le succès que le public voulut bien faire à tous ces petits films dramatiques où je faisais plus que jouer la comédie, car j’évoquais des incidents de ma jeunesse aventureuse.

Lorsqu’en 1915, Th. H. Ince fonda la Triangle Keystone, avec Griffith et Mack Sennett,

je fus engagé pour interpréter de grandes comédies dramatiques en quatre et cinq parties.

En 191?. je suivis X la Paramount Art era ft, Th. H. Ince, Griffith et Mack Sennett.

En 1919, ayant cessé de travailler avec Th.

H. Ince,. je fus engagé par la Paramount afin de réaliser une série de films dont je suis à la fois le metteur en scène et l’interprète.

Quo non Aschendam?

Cette fière devise du surintendant Fouquet pourrait être, sans conteste, celle du septième art, dont l’éloquence est faite de n '.isme et de clarté.

Le cinéma, « qoiqu’on en die », est une école de grandeur d’âme, car ii nous I r/' <-porte avec la plus sereine aisance j usquVùx sphères éthérées du septième ciel, où s’accrochent en théories lumineuses des milliers d’étoiles, plus ardentes, plus poétiques, plus scintillantes les unes que les autres.

Il y a mieux, non content de « ravir » et de distraire le vieux globe terraqué, il vient, nouvel Icare, aux ailes robustes, de tenter l’escalade et la conquête du firmament. « Ad Augusta per Augusta. »

Audacieusement, un hydravion américain s'est offert, pour la première fois le luxe d’une projection cinématographique, en plein ciel, à l’esbaudissement de ses onze passagers.

Vous verrez qu’un jour prochain, quelque Gaumont va se réserver l’exclusivité des projections dans le royaume de Dieu le Père avec la complicité de l’Esprit « Sain » et le concours de St-Pierre Decourcelle.

Ainsi soit-il

(Rubrique « Au iilm du charme » dam La Cinématographie Française.) I

PLAISANTE AVENTURE

Pendant que Thomas Meighan tournait quelque scènes de « La Cité du Silence » à Chaining, près New-York, il se trouva qu’il avait quelque loisir. Il décida de les employer â faire des promenades dans la campagne. 11 cheminait doucement quand, soudain il fut appréhendé par des fermiers de la région qui lui dirent qu’ils le tenaient enfin et qu’il était inutile qu’il essayât de se sauver... Tout d’abord, Thomas Meighan ne comprit pas ce qui lui arrivait, mais quand il se rappela qu’il portait le costume des prisonniers de Sing-Sing, il comprit qu’on le prenait pour un évadé... Heureusement, le metteur en scène, Tom Forman arriva sur les lieux avec toute la compagnie pour le délivrer?

; ‘-puissance et cPénooaiion du Ciné j

par ‘Tred

Un jeune auteur allemand, du nom de Mie-rendorff, a publié récemment un petit livre étrange au titre énigmatique: Aurai-je le ciné? Ce petit livre a fait du bruit dans les cénacles où s'élabore la pensée nouvelle d’ou-tre-Rhin. C’est une dissertation sur le septième art, écrite sur le mode apocalyptique en faveur dans certaines écoles littéraires de là-bas... et d’ailleurs. Mierendorff exalte le ciné, ce langage moderne, s'exprimant de la foule à la foule, surgi brusquement en ce tième siècle où tant de remous profonds

agitent l’humanité. Il dit la force de ce langage, et combien il dépasse en puissance nos pauvres langues disparates, qui font du monde une tour de Babel. Et il imagine un héros qui se sert du ciné pour hâter la révolution latente dans tous les esprits. Pour finir, il lance1 cè cri prophétique: « Celui qui aura le ciné soulèvera le monde. »

Pour outrancier qu’il soit (et d’ume outrance voulue sans doute) dans la forme et dans le fond, un tel ouvrage incite à des réflexions profondes, surtout s’il vient d’un pays que nous avomis des raisons d’observer a\ec attention.

Un jour, dans une cave parisienne, les frè-

res Lumière exhibent, devant quelques journalistes, un dispositif qui permet de projeter sur une toile, ou sur quelque surface que. ce soit; des images fixes dont la succession donne l’illusion du mouvement. Le cinéma est trouvé. On en parle le lendemain comme d’un jeuet ingénieux, qui assurera la joie des enfants et la tranquillité des parents... Quelques années plus tard, le jouet a fait des siennes. Rien n’arrête son développement. Il est perfectible à l'infini. Et l’on s’aperçoit, un peu tard pour la réputation de ceux qui écrivent sur ce qui se passe sous leurs yeux, que ce jouet est capable de’ bouleverser le monde.

C’est que, dans tous les domaines, chaque jour accroît la puissance du ciné.

Dans le domaine social d’abord. Soixante mille salles sont déjà installées sur la surface de la terre, visitées chaque jour par des millions de spectateurs et assurant des ressources quotidiennes à des centaines de milliers de personnes. Que de milliards de francs sont engagés dans cette industrie, qui est, sous ce rapport, la troisième des Etats-Unis, l’une de celles, par conséquent, sur quoi se fonde la richesse de la nation.

Instrument d’information, le ciné, de plus en plus, tend à remplacer le journal, tout au moins le journal consacré aux seules « actualités ». Pourtant on ne nous présente encore, à l’écran, que des funérailles solennelles et des revues militaires, qui ne répondent pas toujours à nos préoccupations réelles. Mais que nous réserve l’avenir, lorsque l’on aura mis au point des découvertes, comme celle de la transmission télégraphique de la photographie et même de la cinématographie? Le public des temps futurs lira-t-il encore son journal? Ne verra-t-il point «de ses yeux», le soir, les faits essentiels de la journée?

Et n’en profitera t-on point pour commenter ces faits parle moyen du film.

De là à l'utilisation de l’écran comme instrument journalier de propagande politique, il n'y a qu’un pas. Et d'ailleurs le pas est franchi. Dès à présent des pays comme l’Allemagne et la Russie consacrent des

BARONCELLI, un des meilleurs metteurs en scène français.


sommes formidables à ce nouveau mode d’expansion. La France suit mollement. Mais on annonce que la Foire commerciale de Paris s’est annexée enfin un office de propagande cinématographique. Ce n’est qu’un commencement. En Belgique nous n’avons rien, rien que les films du service photographique de l’armée, q n ne vont pas à l’étranger. Pourtant, quel moyen plus efficace de faire connaître ailleurs nos sites pittoresques, nos vieilles cités, nos industries.

Des peints pays nous- indiquent, la voie, La T c h é co - SI o vaq uie a son cinéma de propagande. En Bulgarie, Le gouvern-etment vient de s’intéresser à la constitution d’une firme nationale d’éditions, et il, a commandé d'avance 60,000 mètres de films. Enfin, détail à noter, le gouvernement hongrois se rend si parfaitement compte de la puissance du ciné, que l’exploitation de l'écran, sous quelque forme.que ce soit, directe ou indirecte, est défendue aux Israélites... Voilà pour le côté social de la question.

Mais l’écran ne borne point là sa puissance d’expression. Si nous pénétrons dans le do-mainte artistique, nous constatons ici une révolution complète. Ce qui est interdit aux autres arts, le ciné le réalise, grâce à sa souplesse remarquable, à sa faculté d’évocation, dont n’approche point la scène.' Les productions -audacieuses d’.un Griffith, les belles réalisations françaises d’un -Baronjcelli, d’un Roussel, d’un Dellnc, nous sont, à cet égard, les plus sûrs garants du succès.

Seulement, ici encore, la France et nous-mêmes ne nous laissons-nous point dépasser par l’esprit d’entreprise allemand-. Les industriels germaniques osent engager de gros capitaux dans des films entièrement nouveaux, qui choquent d’abord le public, sans doute, mais finissent par s’imposer. Tout New-York a contemplé le premier film futuriste, qui est un film allemand: Le cabinet du docl'ur

Caohgari. On a ri, pour commencer, puis le film a fait recette. Grâce à la revue Ciné a, qui organise régulièrement des séances de cinégraphie nouvelles, les amateurs parisieiy ont. pu voir également ce film. Il leur a fav une forte impression.

Ainsi, tout doucement, les Allemands remontent, en ce domaine comme en tant d’autres, un courant d’antipathie pour ainsi dire universel. C’est qu’ils savent oser et vouloir, fermement et patiemment. Ne récriminons pas. Accueillons les efforts nouveaux, s’ils sont probes et sincères, de quelque côté qu’ils viennent. Mais tenons-nous sur nos gardes. Et pour cela, tâchons, nous aussi, puisqu’aussi bien notre industrie cinégraphique est, encore toute jeune, tâchons de faire neuf et bien. Le succès, est de ce côté.

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On peut, en revenant de la vision d’Ê! üorado, être d’avis que les méthodes r;' ’

de réalisation de M. Mar- BKw?!; Jç? V cel L’Herbier ne sont pas encore suffisamment mû- Pn$1 ries; on peut être surpris, SFÎm?

un peu heurté dans ses vieilles conceptions de se en scène, par les pro-cédés chers au réalisateur.

Mais on ne peutnier qu’un efîort sérieux a été tenté par lemattrepourtracluire les sentiments animant les personnages par des procédés analogues à ceux

du coloriste ou du poète. ÿ j,_

I.’Herbier est un ardent \ ‘ - v J -r

adepte de la polyphonie *Ç ' • ’’ A,

visuelle; peut-être demain sera-t-il en complète possession de ses moyens: question plus de technique que d’imagination.

L’écran pour lui est un orchestre, et c'est aussi un tableau qu’il traite à la manière des impressionnistes, amoureux du coloris et de la lumière. Avec cela, les interprètes semblent avoir senti comme lui, la conception du maître; c’est moins leur jeu personnel qu’on admire, que l’ensemble

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Celui-ci, qui dorme une grande fête à l’occasion des fiançailles de sa fille, Iliana, la fait jeter brutalement à la porte par ses domestiques. Se rappelant alors, que la jeune fille et Hedwick se sont donné rendez-vous dans une des salles de PAlhambra, Sibilla, aveuglée de douleur, enferme le couple dans le palais.

L’absence de la fiancée met la fête en révolution. Le scandale éclate, les invités désertent les salons, Estiria est fou de rage.

Mais Sibilla délivre les amoureux à l’aube et les attirant au refuge d’Et Dorado, la célèbre maison de dames, elle met en présence le frère malade et la sœur.

Après une entrevue dramatique entre Estiria et le jeune peintre, celui-ci oifre à Sibilla de conduire le petit malade dans les montagnes auprès de sa mère, et demande à Iliana de le suivre.

La jeune fille part donc, en compagnie de celui qu’elle aime, et de son frère. Et, certaine alors que l’enfant sera sauvé, Sibilla, que seul son

qui la leurra jadis et, aujourd’hui, se montre implacable pour sa victime.

Tout cela nous semble ménagé pour nous procurer le frisson de la tragique et ultime sollicitation dont le brutal refuslécide l’aveugle douleur de la mère en peine à provoquer un éclat.

Et ce fils..., ce fruit de la faute et de tant de larmes, la rat-tacbe-t-il si peu à la vie, que la pensée de mourir pour ne pas entraver un bel avenir entrevu, lui paraisse la plus heureuse des solutions.

N’y a-t-il pas là, une légère concession faite aux grands effets scéniques aux dépens de la saisissante et humaine réalité?

Quelle mère, vraiment digne de ce nom, fut jamais une entrave au destin de ses enfants!...

Au risque de soulever ici de lourds problèmes et remuer l.es égoïsmes dormant au fond de la conscience humaine, je dirai qu’un père aux mains calleuses, une mère obscure appelée

fils rattacüait au monde, 8e poignarde derrière le rideau d’El Dorado...

Nous avons dit: « invrais imblable », et nous ne retirons pas l’épi thête, car elle est j uste; êt ne désignant ici que l’excès d’une qualité, c’est-à-dire un sens joignant du dramatique à tout prix, le mot n’a plus rien d’injurieux.

Dépasser la mesure, c’est

Sibilla, parée et fêtée, dans les beuglants où elle danse: payée par les peintres à qui elle sert de modèle, n’éveille pas on nous une idée très juste de la mère dénuée de tout, au point de devoir recourir pour sauver son enfant à la plus douloureuse des extrémités, faire appel à la générosité de l’homme impitoyable

par l’amour filial à partager le triomphe d’un puissant du jour, est une figure plus humaine, plus riche en enseignements que ce geste sacrificateur, digne d’une matrone romaine.

Mais ce sont là, me direz-vous, et je vous l’accorde, les petits côtés d’un grand sujet.

Je ne voudrais pas mériter cette sentence célèbre: « La critique est aisée, c’est donc le secret de votre abondance 1 ».

Il y a tant à louer dans cette œuvre faite de généreux élans que je crois l’équilibre largement rétabli en faveur du beau travail qu’il sied de signaler comme un grand effort en vue d'une réalisation originale.

Les «flous» sont tous étudiés et d’une innovation qui s’imposera.

Les beaux paysages sont des tableaux à la Goya et du plus magique effet.

El Dorado, est le premier et intéressant résultat d’une méthode nouvelle, riche de possibilités et de promesses à demi réalisées. Marnix.


10

Ce film est d’un pathétisme extrême;, le poignant se révèle au nœud de l’intrigue, be plus puissant amour, c’est celui d’une mère capable de tout pour sauver son fils injustement aocusé de meurtre.

Superbe de bravoure, elle renverse tous les obstacles; elle dépasse toutes les possibilités; elle fait avouer à la coupable, par le simple pouvoir de sa grande douleur, son crime, crime que la justice humaine ne peut condamner: elle a tué son mari pour défendre son enfant brutalisé par lui.

L’enchaînement de ces deux drames parallèles est naturel, bien amené et du plus tragique.

Vera Gordon drape une mère superbe du courage de l’antique, comme elle fut touchante de dévouement obscur, tandis que la fortune boudait encore à la famille Lantind. Elle est le centre, la clef de voûte de cette œuvre bien charpentée, et sa puissante personnalité rayonne sur les scènes tour à tour tendres et tragiques, où son amour maternel révèle toutes les formes du sublime.

Une telle création est du grand art. Faire une page de grand lyrisme d’un épisode hélas fréquemment vu et vécu.

Accumuler des épisodes émouvants est une instructive et compréhensive exigence du développement muet de l’action cinématographique, mais de là à produire de l’émofîon vraie, il y a la même distance à franchir que pour l’auteur dramatique qui manie une belle prose, mais doit ia voir habilement dite pour être sûr d’atteindre son public, et 'lui faire verser de vraies larmes.

L’actrice de cinéma qui a le « silence parlant » est une merveilleuse évocatrice d’états d’âme.

Son plus grand amour se réclame d’une pareille qualité d’émortiion.

M. Emile Cohl.

un autre film,

rour la bande faite de croquis, rien de semblable: c’est image par image qu’il importe d’opérer. Pour un dessin, répérer, tourner, s’interrompre; poser le second dessin, repérer à nouveau, tourner; pour le troisième dessin, et ainsi de suite: à mille, tout autre aurait «tiré l’échelle» (et peut-être bien avant). Le forçat qu’est l’opérateur ne le peut pas. Il lui faut recommencer ce manège d’écureuil en cage des milliers de fois: peu recommandable aux personnes un peu nerveuses, et dont la patience n’est pas la vertu maîtresse.

Après cela, la bande est enfin développée, tirée, titrée, comme avec plus de soin toutefois.

C’est au cours d’une spirituelle conférence donnée à Paris, il y a quelques mois déjà, au Ciné-Club, que M. Emile Cohl fit cette recommandation à son auditoire: « Mais j’ai une prière à vous adresser, c’est de regarder, à l’avenir, nos petites bandes de dessins animés et outres trucs avec un œil favorable, en song-eant que les auteurs sont les condamnés aux travaux forcés à perpétuité, les Forçats — volontaires un peu, il est vrai, mais des forçats tout de même — de la cinématographie triomphante. »

Et l’expression n'est nullement trop forte, en effet, — pour paradoxale qu’elle paraisse, — pour qui voit la somme de travail que représente la vision d’une bande de dessins animés, passant à l’écran en l’espace de quelques minutes.

Car, pour constituer un film du genre, il faut que les dessins représentant les phases successives de l’action soient terminées. Cela est tût dit; mais encore, se rend-on compte du nombre de croquis nécessaires à l’élaboration de pareille bande? On sait que l’appareil de prise de vue fait un tour de manivelle par demi seconde, et prend, en ce court laps de temps, huit photographies successives; ce qui metzle compte à 16 par seconde, soit près de mille par minute.

En supposant que la projection à l’écran ait lieu avec une vitesse à peu près égale, il faudra donc avoir exécuté 1,000 dessins, ou peu s’en faut, pour espérer égayer le spectateur pendant soixante secondes.

Mais une minute, c’est bien peu. La moindre bande de genre durera dix fois plus longtemps: d’où nécessité de porter près de 10,000 croquis — tous différents. Cela représente déjà une belle somme de travail, sinon artistique, du moins de patience.

Et ce n’est pas tout. Pour un film ordinaire, notre opérateur n’a qu’à « tourner » quand tout est en place; que les artistes évoluent à souhait, et à part quelques interruptions sans grande impor-tance près, tant que la scène a lieu dans les mômes décors, il n’y a point de retard: 16 vues sont prises par seconde, pendant une ou plusieurs minutes.

Telle est la théorie; la pratique a apporté quelques changements à ces moyens primitifs; mais à tout prendre l’élaboration des bandes à dessins animés n’en reste pas moins un travail colossal C’est en France que furent confectionnées, il y a quelques douze ans, les premiers films du genre des caricaturistes notoires — Monnier, Gros, Lortac, O’Galop, voire Rabier — y excellèrent.

Parmi ces noms, plusieurs sont restés fidèles à ce mode de travail, et aujourd’hui encore, nous retrouvons avec plaisir leurs productions à l’écran.

De France, le goût de ces choses a passé chez nous, en Italie, en Allemagne et aux Etats-Unis. Dans ces dernières années surtout, les « studios » d’Amérique ont opéré avec succès, eu apportant quelques modifications de a mise en scène » et de technique. G’est ainsi que le caricaturiste bien connu, Windsor Mac Cay, présenta lui-même ses productions au public. Il se plaçait à côté de l’écran; face aux spectateurs, et sur son ordre évoluaient des animaux déssinés de sa main. Le fouet au point, il semblait diriger les exercices de haute école de ses pensionnaires.

Mais depuis, le côté technique pur a prévalu outre-Atlantique. Les bandes de dessins animés, on les exécute, à présent, « à la grosse »; il y a des ateliers entiers, où l’on ne fait autre chose que de reproduire, d’après les données du « metteur en scène chef d’atelier », les croquis nécessaires. Et cela fait que l’opérateur n’a plus à attendre, et que le travail roule avec une plus grande rapidité.


12 Peut-être, l’originalité y perd-elle? A coup sûr, cette façon de procéder qui nous rappelle les Tigres » de Dumas père, composant chacun un chapitre de roman, que l auteur (?) n’avait plus qu’à recoudre ensemble, ne saurait avoir la même saveur que les bandes entièrement créées par un seul caricaturiste. L’industrialisation, en Amérique comme ailleurs, est comme la langue d’Eso-pê, la meilleure, la pire dûs choses... Maknii.

A Traders la Presse

La Carrière d’un Ours.

Le plantigrade qui a tenu un rôle important dans le film « Miraka, la Fille à l’Ours », fait la belle recette dans une baraque de la fête du Lion! de Belfort à Paris, Une pancarte informe le public que grâce au cinéma, l’animal est aujourd’hui célèbre dans le monde entier, qu’on peut lutter avec lui et que cent francs sont offerts à l’amateur qui le tombera. Mais les amateurs sont rares.

« Vexation gratuite? »

On se rape lie ‘les protestations provoquées parmi les éditeurs de films par la récente institution d'une censure cinématographique. Certains mécontents allèrent jusqu’à qualifier cette mesure de « vexation gratuite ». Pour répondre à ce grief, la. Chambre des Députés vient d’édicter une redevance au proffit du Trésor de 5 centimes par mètre de film soumis à l’appréciation des censeurs.

Voilà qui, espérons-ie, mettra tout île monde d'accord. (« Le Merle blanc ».)

Une Danse des bulles de savon au Film.

Les teintes délicates des bulles de savon sont le charme particulier d’une scène principale dans le nouveau film de la « Goldwyn »: » L’Octave de Claudius », une des plus grandes productions cinématographiques du monde.Sur une scène gigantesque, ayant coûté la gomme ronde de 25,(XK) dollars (325,000 francs) se montre un ballet de danseuses exquise.

D’innombrables bulles de savon s’évadent de mille petites ouvertures,, multicolores et miroitantes, et d’autres descendent du plafond, La presse française dit l’effet de ces forme» flottantes et tourbillonnantes d’une beauté inouïe. («. Revue belge de Cinéma. »)

Juste remarque.

Du Journal:

Si parmi les ennemis du cinéma, il y a des romanciers — et il y en a, nul ne l’ignore, puisqu’ils le proclament! — ces romanciers té. moignent d’une flagrante ingratitude comme d’une rare maladresse.

Car le film, quand il est tiré d’un roman — et quantité de productions cinématographiques sont dans ce cas — est un admirable véhicule de vente pour le roman 'qui en a fourni le sujet.

Chaque fois qu’un film inspiré d’un roman, portant le titre de ce roman et la mention du nom de son auteur est projeté sur l’écran et en tant que film obtient du succès auprès du public, il y a, en librairie, une répercussion immédiate: le roman est demandé, acheté, par une clientèle toute nouvelle, née du cinéma!

Ceux qui ont vu veulent lire.

Haro! haro! Bravo! bravol

C’est deveinju d règle dans certains studios, bien « Æemmés », oin se demande, à iTalboir-dage: « Où est THatty? » Le:s opinions sont, en effet, très partagées sur oetite question.

/Dans île dédale des informations contradictoires, /avouez qu’on peut très bien perdre île fil d’Ariane et ne plus savoir si Ratty est en liberté ou en prison! Tantôt on nous l’annonce relâché sous caution de 62,600 francs — île prix de dix bœufs gras — acclamé par un grand concours de peuple fanatisé, ihur-ilant: « Hurrah pour Fa/jty! 'Vive .Fatty! Vi ve lui!»

Tantôt on nous ifadt assavoir qu’on il’a replongé, tout bouzilltant de graisse, sur lia paille humide des cachots /de te République sœur et sèche, /aux vociférations d’une tourbe exigeant la mort sans phrases 'die d'assassin, du crimi--nell-ès- voluptés.

‘Oui croire, ibom Dieu? A 6e régime de chaud et froid, vous allez voir que le bon gros Fatty va /chiper une bonne fluxion de poitrine et que noms ne .pourrons .le 'sauver... qu’en île traitant à l’alcool... sans lampe.

(« La Cinématographie française ».)

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Dans un de nos derniers numéros, traitant du « Fruit défendu », le manque de place nous a empêché de nous étendre comme nous l’aurions voulu, sur la personnalité de notre vedette: Miss Agnès Ayres. Nous tenons aujourd’hui à combler cette lacune, de nombreux lecteurs et lectrices, admirateurs de la délicieuse vedette, nous en ayant prié.

Agnès Ayres, qui joue l’héroïne, avec un talent et une grâce remarquables, est, à juste titre, renommée pour être une des plus séduisantes et des plus belles étoiles de l’écran.

Née à Chicago, comme beaucoup des plus jolies artistes de cinéma, elle fit ses débuts dans cette ville quand Essanay y tournait ses premiers films. Très remarquée, après quelques


14 créations remarquables, Gécil B. de Mille la choisit pour jouer la délicieuse héroïne de «Le fruit défendu ». Sa grande beauté et sa charmante personnalité lui ont gagné depuis longtemps de nombreux admirateurs et elle est maintenant une des artistes les plus en vue au Cinéma.

Voici d’ailleurs ce que Miss Agnès Ayres nous conte de ses débuts et de sa carrière écranesque:

«Il est un dicton banal qui dit de nos destinées, qu’elles sont souvent dirigées par une chance inattendue... Mais, pour ma part, c’est bien grâce à un coup de hasard que je suis entrée au Cinéma,

»Je vivais dans un des faubourgs de Chicago. J’allais fréquemment dans cette ville où je faisais mes études et dont j’aimais à fré-quenterles magasins et les théâtres. Je n’avais jamais pensé à faire du théâtre, du cinéma encore moins. D’ailleurs le cinéma n’était, à cette époque loin taine, qu’à ses débuts.

» Un jour, une jeune fille de mes amies, qui connaissait, un des Administrateurs de la Compagnie Essanay, vint me proposer de l’accompagner pour en visiter le Studio.

» Je ne connaissais rien des dessous du Cinéma et ma curiosité ne put résister à semblable proposition. Simplement installé, le pauvre petit studio de ce temps-là, ferait bien piètre figure-à côté des somptueux studios modernes, perfectionnés et luxueux... Mais pour la petite écolière que j’étais alors, tout cela me semblait absolument féérique et, soudainement, je fus tellement intimidée que lorsque mon amie me présenta à un metteur en scène, je fus incapable de prononcer une parole.

»11 me regarda curieusement, murmura quelques mots qui m’échappèrent. Puis, nous continuâmes notre visite.

» - Eh bien, vous avez un bon physique pour l’écran et il nous faut un grand nombre de figurantes pour une scène que nous tournons demain. Si vous voulez venir, vous serez la bienvenue.

»Je bredouillai timidement quelques mots pour dire qu’il me faudrait d’abord la permission de ma mère, et j’entrainai mon amie car j’étais incapable de prendre une décision. Seule dans le train qui me reconduisait à la maison, je réfléchis. « Pourquoi pas?» me demandai-je. Puis je consultai mes parents. 11 ne furent pas très emballés, et leur opposition ne lit qu’augmenter mon désir d’essayer et finalement j’eus gain de cause.

» Le lendemain, j’étais au Studio. Je débutais dans une modeste figuration. Bientôt je fis partie, à titre dé fin itif, de la Compagnie et toutes sortes de rôles: mères aux cheveux blancs, femme fatale... etc... me furent distribués. Puis l’on m’offrit un engagement pour tourner, à New-York, le principal rôle de courtes adaptations de 25 histoires de. O’Henry. J’eus la chance d’être remarquée dans ces productions et un journaliste m’ayant surnommée la « O’Henry Girl » le surnom me resta.

» Peu de temps après, je partis pour le Studio Lesky, en Californie, que je n’ai jamais quitté depuis.

» Mon premier grand rôle a été l’héroïne de « Le Fruit défendu », sous la direction de Cecil B. de Mille. Puis j’ai fait partie de la distribution d’étoiles des «Affaires d’Anatole» où je joue l’extravagante femme de « Monte Blue ». J’ai joué aussi depuis plusieurs films avec Wallace Reid. »

Pour tout ce qui concerne

Agnès Ayres dans le rôle de Cappy Rick.

«Quand nous eûmes terminé, j’étais littéralement abasourdie et l'impression produite sur moi était des plus profonde. Le metteur en scène qui m’avait regardée avec insistance nous attendait à la porte. Il me regarda bien en face et me dit s » — Avez-vous jamais pensé faire du Cinéma? » — Moi? balbutiai-je... Mais non. Monsieur.

ADMINISTRATION, la Rédaction, la Publicité de CINÉ-REVUE. s’adresser à l'Éditeur, M. J. MEUWISSEN, rue Charles De Coster, JO et 12. Tel. L, 16.78.

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Le Français est-il chic?

La Française l’était depuis longtemps, Messieurs.

Ne réalise t-elle pas depuis des mois et des mois un amincissement qui tient du paradoxe.

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J’ai vu chez nos meilleurs couturiers de très jolis modèles printaniers, et sur cette page, nos

dessinateurs ont croqué quelques silhouettes exquisement «chic».

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l*e passe-partout du Diable

Warren Goodwriglit cherche la gloire et la fortune comme auteur dramatique. En attendant, Grace, sa jeune femme, s'est endettée dans une maison de modes, — la maison Malot. — afin de plaire à son mari et de paraître dans le monde. La propriétaire de ta maison Malot la talonne, mais lui fournira aussi le moyen de payer ses notes.

I il jeune et riche officier américain, le capitaine Kc-x Strong, est épris d'elle. I n mot, el ce sont les dettes payées, les nouveaux crédits ouverls dans le palais de luxe. Ce scia la continuation d'une vie d'orgueil el de beauté.

Grace résiste. Elle aime son mari, mais une fois dans l’engrenage, toutes les intrigues la guettent. l,e brillant officier n’a pas perdu tout espoir de conquérir cette femme étrangement, merveilleusement belle...

I n journaliste marron raconte dans sa feuille à potins houlevardiers, une intrigue d'amour entre un jeune et riche officier américain el une jolie compatriote. L’allusion est diaphane, el Paris a compris. Seul Warren Goodwrighl ignore. Au contraire, ayant lu l'article, il construira sur cette intrigue une nouvelle comédie. Le soir de la repré-sensalion, la pièce de Goodwrighl a un gros succès d’applaudissements ironiques, car le lout-Paris des premières voit en lui non seulement le mari... malheureux, mais encore le mari complaisant, qui a eu la présomption de mettre en scène ses infortunes conjugales, afin de se tailler un succès facile.

II a compris. C'est l’effondrement. Sa femme est là, dans ses appartements, avec le capitaine. Mais... ils sont irréprochables. Et les époux confiants, plus aimant que jamais, voient se lever une aurore nouvelle sur l’éternel recommencement de Paris.

Prop»« tin IS a» 23 février

KiM/ro 5

Revue scientifique

LE MATCHE

Comique en 2 parties

L’ORPHELIXE

12e épisode

Le Passe-partout du Diable

Grand drame mondain en 7 parties par Eric Stroheim

D£ Sleutel des DiVeïs

Sla

Kl.VETO 5

Wetenschappelijk

Klucht

MATCHE

in 2 deelen

DE WEES

12e episode

De Sleutel des Duloels

Groot wereldsch drama in Erik Stroheim

<1. door

Semaines prochaine

P ANGER

Grand drame du Far West en 6 parties

A la demande reprise du grand succès

W arren Goodwrighl zoekt, als dramatisch schrijver, roem on fortuin. Intusscheu maakt Grace, zijne jonge vrouw, om hem Ie bevallen en om in de wereld Ie kunnen verschijnen, schulden in een modehuis; hel huis Malot. Ile eigenaarster van hel huis \Ialol komt haar manen, maar zal haar ook hel middel \erschaffon hare rekeningen Ie vol-doen: ren jong en rijk amerikaansch officier, kapitein l!e\ Strong is op haar verliefd. Eén woord, en de schulden zijn betaald, en eene nieuw krediet in liet lu\c-paleis. Grace weerstaat. Zij bemint baar man; maar eens -in bel raderwerk worden alle lislen gespannen, lié officier heeft alle hoop, deze wonderschoone wouw Ie winnen, niet verloren. Een dagbladschrijver verteld in zijn blad eene liefdegeschiedenis liisseKen eenen jongen en rijken amerikaansehen officier en eene landgenoote. Ile zinspeeling is doorschijnend, en Parijs hoeft verslaan. Alleen Goodvvhighl is onwetend. Integendeel, na het artikel gelezen Ie hebben, zal hij op deze geschiedenis een nieuw tooneelspel maken. Hen avond der verlooning lieef'l het sink een spottend succes, want Parijs ziel in hem, niet alleen don ongelukkigen maar ook den welwillenden echlgenool, die de verwaandheid gehad heeft, zijne huiselijke ongelukken op tooneel Ie brengen, om een gomakkelijk succes Ie bekomen.

Hij heeft begrepen. Het is de ineenstorting.

Zijne vrouw is daar, in de kamer, met den kapitein... Maar... zij zijn onschuldig. En de echtgenoten, beminnelijker dan ooit, zien oen nieuwen dageraad van liefde rijzen.

Film Cubiste '

Imprimerie du Centre, 26, Rempart Kipdorp, Anvers,

Le Cabinet du DF Caligari