Bron: FelixArchief nr. 1968#427
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I« Anne«. — A*0 BO. — 1922.
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.ww'ie «—wwii i»in Editeur: J. MEU WISSE N, rue Charles De Coster, JO et 72, Bruxelles. — Téléphone L JÓ7B
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Nous savions qu’ils mouraient, nous savions que la famine la plus épouvantable des temps modernes fauchait h larges brassées dans ce vaste réservoir d’hommes et d’énergie qu'est /'immense empire russe; nous savions qu’il fallait agir vite pour sauver une race: et nous hésitions encore!
Aujourd’hui, plus que jamais, toute hésitation est interdite; après ce qui. nous a été conté, ce que nous avons vu surf écran, documents vivants, visions d'enfer de la plus atroce tragédie moderne, il faut agir.
Dans les lignes qui vont suivre, notre confrère Fred retrace à larges traits ce que nous vîmes et entendîmes lors de la conférence dernière du Dr René Sand. CINÉ-REVUE a tenu, comme d’autres organes de tous partis et de toutes convictions, à ouvrir largement ses colonnes a l’exposé de la misère russe.
...Car il est un mot qui, par dessus la mêlée d’opinions, résume tout commentaire, fait taire scepticisme, doute et passions:
PITIÉ!
Ce petit être de douleur ne pjeut plus être sauvé: encore quelques, heures, quelques jours peut-être d'atroce agonie causée par la, faim, puis ses yeux seront clos à..jamais,'
ôn risquant sa oie,
dans un éclair de grand altruisme, l’honnête homme sauve son semblable..
cJfom ne vous demandons de courir nul danger;
Seulement que vous sacrifiez le prix drune soirée, le prix d'une bouteille de choix,, le prix du moindre objet de luxe, le prix du moindre superflu.
Quarante francs
envoyés au * Comité de Secours aux Enfants Russes „ Banque d'Outremer, Bruxelles,
(Sauvent une vie humaine
Le Ciné an secours de la Russie
SCI les famines du Moyen Age, ni la disette du X.VU» siècle, ni la misère des pays occupés pendant 1» Grande Guerre., ni la détresse, toute proche' et encore présente, de la capitale autrichienne, nul cataclysme historique ne peut donner une idée de la tragédie effroyable qui se joue», aujourd'hui, dans l’ancien empire des tsars.
Dana les plaines de la Volga, ces contrées si fertiles, qu’elles alimentaient autrefois la. Russie tout», entière et même une partie des pays d’Europe, trente: millions d’êtres humains sont privés de toute nourriture. La terre, calcinée par la sécheresse, a refusé de donner son. blé. Et voici qu’à, l’été terrible, un hiver rigoureux a succédé, couvrant les steppes d’une couche de glace, dérobant aux hommes jusqu’aux herbes sauvages qui étaient leur salut, Les malheureux- habitants de ces régions maudites ont dévoré le bétail,, les chevaux exténués* Us. ont mangé le chaume qui couvrait leurs chaumières. Au moyen, de feuilles sèches, d écorées d'arbres et de seraeôçes de tournesol, ils ont fabriqué une pâte infecte, bientôt trop précieuse, d'ailleurs, et à laquelle ils ont ajouté de l’argile. Et puis, ils. sont partis, oi». exode douloureux, vers les villes lointaines, presque chimériques, affamées elle-mêmes d’’ailleurs, où les .premiers arrivés furent reçus à coups d» mitrailleuses, aft» qu’ils retournassent à leur pays d'épouvante, lia errent, à présent, par les 3teppes, marquant leur passage, dfc cadavres nue, décharnés et gelés sou» le ciel impitoyable. G’est: là que doi vent las rejoindre les traîneaux, de secours de» Soviets, eo des missions étrangères, Mais, quoi que l’on puisse faire, des millions de ces vie* time»-, sont condamnées à mourir.
Seules les générations futures, sans doute, pourront concevoir l’étendue de ce désastre,
Les malheureux habitants de ces régions maudites ont dévoré le bétail, les chevaux exténués. Ils ont mngé le chaume qui couvrait leurs chaumières. Au moyen de feuilles sèches, d’écorces d’arbres et de semences de tournesol, ils ont fabriqué une pâte infecte, bientôt trop précieuse d’ailleurs, et à laquelle ils ont ajouté de l’argile...
La famine a passé, la mort n'a suivi que bien après; car il a d'abord fallu à ces êtres, souffrir tout ce que peuvent souffrir les hommes, dans l'espoir de secours — venus trop tard — pour qu'ils pussent enfin à jamais goûter le repos de la mort...
Deux agonisants, réduits à l'état squelettique, auprès de leurs parents impuissants: vision d’horreur dépassant
toute imagination I
Ces enfants, comme les nôtres, lecteurs, ôtaient l'espoir de leur famille, de leur race, de l'humanité: la mort, causée par la faim, n'a voulu d'eux qu"après qu'ils eussent passé par les affres extrêmes-de la douleur. Pour des millions d’autres petiots, les secours viendront-ils a temps?
ét déterminer .'sés-causes naturelles, politiques et1 ééôrièm Iqu es.
Notre devoir est adiré. Nous ne sommes pAs les historiens, mats les Spectateurs du drame. De ta côte où nous nous trouvons, nous Aper-oovdrts Un navire qui sombre. Ëst-ce ta faute du "capitaine] -Da scute chose qui importe, e'est que lös passagers multiplient leurs appels au secours, c'est que nous SA'vgiïs qu:i 1 y a là des hommes, des femmes, des enfants, des hommes comme nos frères et nos pères, des femmes comme nos mères et nos soeurs, des enfants comme les nôtres. Quelle serait leur malédiction, ét quelle aérait notre conscience, si. nous attendions un moment pour commencer Pteuvro de sau vetage
On sait, par les journaux quotidiens, que l'explorateur norvégien Nahsen, après un séjour sur le Volga, vient d'entreprendre en Europe une vaste croisade pour hâter l’envoi de secours. 1! apporte avec lui des films qu’il
tournés lui-même ou fait tourner par ses collaborateurs. Ainsi, grâce au cinéma, cette arme puissante de propagande, les horreurs Auxquelles un simple récit pourrait nous laisser indifférents, sont, là, sous nos yeux, affirmant. la nécessité d’une intervention urgente, large, sans aucun calcul d’aucune sorte. Les dons recueillis, argent ou dons en nature, sont immédiatement consacrés, par la Croix-Rouge Iiiternationale, à sauver les vies humaines que l'on peut espérer sauver encore.
La première « conférence Nansen » fut donnée, le dimanche: 19 février, au cinéma de la Monnaie, sous les auspices de la Croix-Rouge de Belgique, par le -Dr René Sand, secrétaire général de la Ligue des Croix-Rouge. Le Roi et le Prince Léopold avaient tenu à marquer, par leur présence, l'intérêt qu’ils prennent à cette œuvre. Le prince est d’ailleurs président du Comité de secours aux enfants russes.
Après la conférence, des u»ms furent projetés, succession de scènes horrifiantes, mon-
Ces installations de premier ordre font l’admiration des teinturiers spécialistes.
Par procédé breveté les vêtements sont lavés en pleine benzine, tout en gardant les couleurs.
Maison principale:
93, 95, Chaussée de Malines
Vue
des nouvelles Installations
VAN WEEREN
ROYAL - ZOOLOGIE CINEMA
CorjFJîts de ïrçeurs
La mine de San Clemento, est régié par te directeur général Mendenhall et par t'iag; lieur Spencer. À la suite d’une déc u ver te de minerai précieux dans une partie de ta um«, Spencer, l’homme des intrigues louches, propose à Mendenhall de forcer la main au propriétaire Armstrong, afin de se rendre acquéreurs, à vil prix, de cette partie de la mine. Afin de donner une moins-value à l’exploitation, Spencer fomentera une grève, ce qui lui est d’autant plus facile qu’il a refusé aux ouvriers des échafaudages solides pour soutenir les galeries. De plus, Spencer a. fait placer un engin d’explosion qui doit éclater au moment de la relève des équipes et ne faire que des dégâts matériels; ceci dans le but de déclancher plus vite la .grève et de provoquer des troubles. Toutefois, la mèche de l’engin est mal réglée, l’explosion se produit avant la sortie do l’équipe du jour et fait de nombreuses victimes.
Sàm Wigfall, le doyen des mineurs, homme juste et réfléchi, déclare la grève pour son équipe.
Lorsque Armstrong, Te propriétaire de la mine, revient, conscient d’avoir toujours traité loyalement ses ouvriers, il décide de remplacer les gré-, visies par des « jaunes ».
A quelque distance de la mine vit, tant bien que mal, Dick Rainboldt, un bohème qui a la passion du jeu. A présent, il a faim — et plus rien à bazarder. Aussi se présente-t-il au bureau d’embauchage. Avant de partir, nous le voyons sauver des mains d'une pourvoyeuse d’hôtel louche, une jeune jX'rsonnne qui se trouve être la petite-fille de Sam Wigfall, le doyen des mineurs.
Arrivé â San Clemento, il voit, par l’accueil hostile que la population fait aux « jaunes », pour quel genre de travail il a été embauché; et ses yeux se sont surtout ouverts en revoyant la jeune fille qu’il a sauvée du déshonneur, la petite-fille de Sam Wigfall, le doyen des mineurs. C’est, alors qu’il prend la résolution, bien qu’engagé par la signature de son contrat de travail, dé tâcher d’aplanir le conflit entre employeur et travailleurs.
Après que Dick a eu une brette assez Violente avec Connor, le chef des « jaunes », celui-ci le désigne h Spencer pour commettre une infamie, notamment pour faire sauter le tunnel de drainage, méfait qui sera endossé aux grévistes. Dick fait semblant d’accepter, et le tunnel saute en effet; mais Dick s’est arrangé pour que la fourberie de Sppncer et de Mendenhall soit, dévoilée; le propriétaire Armstrong a tout compris, lui aussi, et, pour récompenser celui qui a dénoncé le complot infame et décidé les ouvriers à reprendre le travail, il lui donne une situation supérieure dans son exploitai ion. De in sorte, Dick reverra souvent les jolis yeux de Katie Wigfall — car il a toujours gardé le souvenir de sa première rencontre avec elle, et peut-être même verra-t-il ses beaux yeux pour tout le reste de son existence.
Programme ilii 1! mi II) Mars
KIXETO S
Revue scientifique
CONFLITS de MINEURS
Grand drame social en 5 p.
Hary CAREY dans le rôle principal
EPOUSE SECRETE
Superbe comédie dramatique iuterprétée door Edith ROBERTS
par
Programma van 11 lot 10 Maart
O
Wetenschappelijk
Miinwerkers Konflikten
Groot sociaal drama in 5 d.
Hary CAREY in de hoofdrol
GEHEIME ECHTGENOOTE
Dramatisch tooneelspel vertolkt door Edith ROBERTS
A PARTIR DE LA SEMAINE PROCHAINE
Trois spectacles sensationnels ( HENNY c PORTEN Trois chefs-d’œuvre de la cinématographie moderne
dans le rôle titulaire du grand film d’art
ANNE DE BOLEYN
Un drame qui lève le voile du passé, et montre! vivants: les amours, les intrigues et le pouvoir de deux figures les plus romani sques dans Thistoire du monde.
PRISCILLA DEAN
Dans sa dernière création
Superbe drame en 7 parties.
Grandiose action dramatique
LADY HAMILTON
Grand drame historique nous montrant: Sa vie. Le dernier amour de l’amiral Nelson. Sa mort. Formidable mise en scène.
De mijn van San Clemento wordt bestuurd door den algemeenen bestuurder Mendenhall en den ingenieur Spencer. Na eene ontdekking van kostbaar metaal in een gedeelte der mijn, stelt Spencer aan Men denhall voor, den eigenaar Armstrong voor te zijn, en dit gedeelte der mijn aan kleinen prijs aan Ie schaffen. Om het terrein in waarde te doen verminderen zal Spencer eene werkstaking uitlokken. Hij heeft een ontploffings-. toestel in de gangen geplaats, welke op het oogen-blik dat de ploegen afgelost worden, moet ontploffen. Maar de wiek van het tuig is slecht geregeld en het toestel ontploft voor den tijd, en maakt talrijke slachtoffers. Sam Wigfall, de oudste der mijnwerkers verklaart de staking voor zijne ploeg, wanneer Armstrong, eigenaar der mijn, zeker zijnde altijd eerlijk gehandeld te hebben, de werklieden vervangd.
Op eenigen afstand der mijn woont Dick Rainboldt, een bohemer welke van het spel leeft. Op het oogenblik heeft hij honger, en niets meer te verkoopen; en trekt naar de mijn om werk. Alvorens te vertrekken zien wij hem de kleindochter van Sam Wigfall redden. Te San Clemento aangekomen ziet hij, door het onthaal der bevolking aan de « ratten », voor welk soort werk hij aangenomen is. Hij neemt het besluit, niettegenstaande hij door zijn kontrakt gebonden is, het konflikt tusschen werkgevers en werkers uit den weg te ruimen. Na eene hevige woordenwisseling met Connor, het hoofd der « ratten » wijst deze hem aan Spencer aan, om eene slechte daad te verrichten, namelijk den gang te doen springen, misdaad welke dan op den rug der werkstakers zal geschoven worden. Dick neemt in schijn aan, maar hij heeft het zoo geregeld dat de misdaad Van Spencer en Mendenhall aan het licht komt. Den eigenaar Armstrong heeft alles verstaan, en om Dick te bedanken geeft hij hem eene goede betrekking in zijne zaken. En zoo zal Dick, dé schoone oogen van Katie dikwijls en zelfs voor altijd terugzien.
Imprimerie du Centre, 26. Rempart Kipdorp, Anvers.
Ces squelettes informes et loqueteux, c’est tout ce qu’il reste d’une famille prospère, d’une mère aimante, d’enfants jadis pleins d’espoir et de vie: si nous le voulons, il en est temps encore, des millions d’aqtres mères, des millions d'enfants renaitront à la vie après l’enfer de la famine.
trant, souvent, tir telles uetresses, que les larmes jaillissaient 'les jeux des spectateurs.
Pour faire comprendre l’étendue de la catastrophe. le film nous montre une meule oe seigle pas plus haute qu’une porte: c’est le .produit, infime, de to hectares de terre cultivée. Et voici les granges vides, les étables dépeuplées, des chaumières dont le chaume a été arraché. Puis, c’est l’exode navrant de ceux qui fuient la mort pour aller vers des secours sans doute illusoires. - Et voici, dans un refuge, qui lui-même manque du. nécessaire, des enfants ramassés dans les rues: leurs joues émaciées, leurs yeux agrandis par la fièvre «lisent le long martyre. Certains ont une expression de petites bêtes sauvages. Sur des traîneaux à peine couverts, on conduit au < i metier«; ceux dont la Mort a eu pitié. Au cimetière de Bozuluk. on n’a pu enterrer tous 'es morts. Ils gisent en tas. amoncellement terrifiant. hécatombe de deux journées. Mais la plume se refuse à décrire tout cela.
A l'issue de cette première séance, une collecte fut organisée auprès des six cents personnes qui y assistaient: elle produisit ein « mille cinq cents francs. C’est assez dire «pie chez ceux qui ont vu, le cœur a parlé.
On peut donc espérer que la toute-puissance
évocatrice du cinéma déliera les bourses encore
fermées. 11 faut des millions, beaucoup de mil-* . lions. Nansen, parlant à Paris, a dit que nous
sommes seulement au- seuil de la famine. Seul l’effort de chacun, dans l’extrême mesure «lu possible, et combiné avec les subsides des pouvoirs publics, peut arrêter, au bord «lu néant, un peuple martyr. Et personne, nous en avons l’assurance,, ne se refusera à ce geste d’élémentaire humanité. FEED.
Prière d'adresser les dons à M. Henri Le-bœuf, trésorier du Comité «1<- Secours aux Enfants Eusses, Banque d’Outre-Mer, Bruxelles.
Les dons en nature sont reçus à la Croix-Bouge, rue de Livourne, 80, Bruxelles.
Voici un petit squelette qui renaît à lu vie, voici une ombre qui demain pourra à nouveau être comptée parmi les vivants; une source d énergie qu avec des soins constants on pourra urracher encore à lagonie que cuusa la faim. Qu a-t-il fallu pour mener à bien ce résultat: le dévouement de ceux qui se donnèrent à cette œuvre salvatrice, 1 écot minime de quarante francs qui rendit possible l'envoi de secours devant assurer le sauvetage d'une vie humaine!
Jjetteuru en Scene dtSuropaetc/Amenqu
Un des plus grands noms de la cinématographie, un de ceux qui s’ingénient à retirer aux premières applications de la nouvelle invention, son caractère purement commercial, et d'en faire réellement un art, auquel il pût consacrer son talent, ses idées, son génie-
David Wark Griffith est originaire du Kentucky, et avant de s’intéresser aux travaux de studio, il fut reporter dans plusieurs jour-neoux américains, puis passa au théâtre.
Ce n’est que quelques années avant la guerre, — période de stagnation pour le mouvement cinématographique d'Occident, mais de préparation et de grande activité pour les studios d’Amérique, comme de certains pays neutres — que Griffith commençu cette belle carrière qui devait en faire un des maîtres les plus éminents du septième art. L’ancienne Compagnie Biograph profita de ses premières productions; en 1912-1013, il passa à la Reliance-Majestic, et prit la direction de Triangle. Dès ce moment, Griffith avait réalisé des possibilités artistiques de l’écran; mais pour donner libre essor à son originalité, à ses projets de réformes — il voyait beau et vaste — il s irritait de voir lu cinématogruphie s'engloutir dans ‘l’ornière commerciale, il désirait que l’on sacrifiât tout d’abord le côté purement pécunier aux possibilités artistiques; se rendant compte que le goût et le bon sens publics se fatigueraient bientôt du ciné, si l'on ne s’attachait pas dés le début à créer des bandes d’une certaine valeur artistique, Griffith organisa sa propre compagnie.
Le résulat de ses efforts, de son audace, fut une des plus belles productions présentées à l écran, elle consacra son génie et le proclama le muître incontesté de la cinématogruphie moderne. Puis vint le grand film à spectacle Intolerance, qui fut une des premières productions cinématographiques qui sut foire naître la critique des grands quotidiens politiques et d’informations. Le grave Temps, par lu plume autorisée de M. Vuillernuz, écrivait à ce propos: « Une occasion unique s offre en en ce moment: que les poètes, que les peintres.
que les dramuturges, attirés par l’énigme de l’écran aillent étudier le film de Griffith, Intolérance, qui tourne à Marivaux devant des salles où la surprise, la stupeur, l’extase, la colère, l'émerveillement, l’indignation, la dérision et l’enthousiasme composent une athmosphère éminemment favorable aux fécondes escarmouches de l’esthétique. Qu’ils aillent voir Intolérance, qu’ils aillent surtout le revoir. C’est un enseignement, c'est un cours. C’est le manuel le plus complet qu'on ait jo-mais édité sur < ce qu'il faut « faire et ce qu i! ne faut pas faire » dans le domaine du cinquième art. »
« Intolérance marque une date dans l'histoire de l'écran, notait de son côté T Œuvre du 11 mai 1919. 1! faut que nos artistes en fassent une étude approfondie, et que sa leçon ne soit pas perdue pour ceux qui croient à l’avenir de cet art naisssant qui sort enfin de 1a période des tâtonnements, et peut offrir aux créateurs un mode d'expression d’une souplesse et d une richesse incomparables. »
Intolérance fut suivi par les Cœurs du Monde, superbe film de propagande alliée, tourné pendant la guerre; enfin, le meilleur peut-être, au point de vue art, « Broken Blossoms, Le Lys Brisé.
Depuis, les réalisations de ce géant ne se comptent plus; citons parmi quelques unes dés plus marquantes, Judith ol Betulia, Home Sweet Home, The Great Loss, Way Down Bart.
Et lu série continue, nous apportant sans cesse des trouvailles nouvelles, intéressantes au point de vue de l idée créatrice, autant que des procédés tech" niques et artistiques qui aidèrent à leur réalisation.
Bientôt, nous présenterons à nos lecteurs une des dernières productions du Maître, tournée sous les uuspices des United Artists. Le « Métier » merveilleux de l’auteur s’y retrouve, mais infiniment plus discret. Nos lecteurs en jugeront par les pages que nous consacrerions à cette production, La Rue des Rêves, pâle reflet des impressions que l’on ressent à la vision de ce film remarquable.
Muims.
Au siècle dernier, surtout à l’époque du romantisme, le moindre commis de pharmacie voulait écrire des vers et les publier à Paris. Les succès bruyants de Victor Hugo, le gilet écarlate de Théophile Gauthier, la mélancolie élégante d'Alfred de Musset avaient fait tourner toutes les têtes. Et c'est alors que Ton vit tous ces poètes-misère, qui se fussent assuré des rentes en vendant de la camomille, mourir sur un lit d’hôpital en maudissant leur temps, dont ils accusaient le prosaïsme. Certains d’entre eux, d'ailleurs, comme Auguste Le Bras, Victor Escousse, Elisa Mercceur, Louis Berthaud, ne manquaient point d’un talent qui leur eût valu des honneurs, au fond de leur province, s’ils avaient pu borner leur ambition et se contenter des succès qui étaient à leur portée.
Aujourd’hui, c'est une autre musique. Chacun veut faire du cinéma. Triompher à l’écran, voila le rêve, avoué ou non, de nos jeunes gens et de nos jeunes filles.
Dame! La chose est tentante. Pour qui n’a point pénétré dans les coulisses du ciné, le métier d'interprète n’offre rien que d’agréable. Quelques gestes seulement, quelques jeux de physionomie, et vous êtes, pour la foule, une reine aux charmes irrésistibles, un élégant du dernier modernisme. Et puis, il y a les voyages, en des compartiments confortables, le séjour fêté dans les palaces, sous les ciels bleus du Midi, parmi les splendeurs de l’Italie. Lorsque vous réussissez — ét vous réussirez sans doute, — vous êtes la vedette adulée, dont le nom dévore les affiches que le public réclame et que les directeurs s’arrachent, à l’aide de chèques fabuleux.
Alors, un jour, à l’instant précis de votre triomphe imaginaire, une affiche vous interpelle, entre un titre de Chariot et un sourire de Douglas. Ou bien c’est une annonce, habilement insinuée parmi celles où peut-être vous cherchez un gagne-pain;
Voulez-vous être une vedette de l’écran?
Suivez les cours de l’Académie...
Suit le nom d’une école dont les « brillants succès » s’appuyent de « nombreuses attestations ».
Déjà votre siège est fait. C’est la gloire qui vous tend les bras. Qui ne s’y jetterait avec abandon?
Après quelques discussions, agrémentées par-
fois, de larmes, vous finissez par vaincre les résistances paternelles. Vous vous êtes informé, d’ailleurs. L’apprentissage n'est pas fort long. Le placement est garanti. Et l’on consent, chez vous, à un dernier sacrifice qui doit vous ouvrir la carrière.
A l’académie de cinéma. Le bureau où l’on vous reçoit, fort gentiment, du reste, avec les égards qui sont dus à une réputation future, est tapissé d’affiches énormes, multicolores, qui proclament la gloire des as de l’écran. Votre espoir y trouve, déjà, comme une confirmation. Plus tard, d'autres « nouveaux » viendront s’inscrire ici, et c’est votre image à vous qui les réconfortera.
On vous montre des références, que vous ne vérifiez pas. On vous encourage de mille manières, à vous qui vivez déjà dans l’illusion de la fortune. Puis viennent les conditions, qui varient à l’infini, et qui, d’ailleurs, vous semblent légères. Cela peut vous coûter de cinquante à deux cents francs par mois, suivant le nombre de leçons.* Au bout de quelques mois, vous en saurez assez pour aborder le studio. Et, si vous êtes photogénique, on vous enverra à Paris, où, moyennant sept cent cinquante francs par mois (pension comprise) vous pourrez parfaire votre éducation, avant les débuts qui ne manqueront pas d’être sensationnels.
Si vous êtes photogénique... Ce si est plein de conséquences. C’est que, pour plaire au ciné, pour supporter l’épreuve de l’écran, il faut avoir le visage modelé d’une certaine manière. On est photogénique ou on ne l’est pas. C’est la condition première. C’est la seule, pourrait-on dire, qui décide de l’avenir d’un sujet. C’est de celle-là surtout que se préoccupent les metteurs en scène pour former une future vedette. Or, à l’académie dont je parle, on vous fixera là-dessus au bout
de quelques mois, lorsque vous aurez consacré votre temps, votre argent, votre ardeur à prendre des leçons qui auront de grandes chances de n’avoir servi à rien. Et il serait si simple de vous dire tout de suite si vous l’êtes, photogénique! Pour le professionnel habile, un simple regard suffit. Lisez, à ce sujet, les interviews de Chariot, les études de Griffith. Il est vrai que ceux-là ne dirigent point des écoles qui ne vivent, en somme, que d'espoirs sans cesse déçus...
Car, dans la plupart des cas, l'académie de ciné n’est q'u’un miroir aux alouettes. C’est une exploitation, pas très propre mais fort lucrative, de ces rêves de gloire dont je parlais plus haut.
D'uilleurs, même s’il est prouvé que vous êtes photogénique, ne partez pas à Paris sans avoir pris, tout d'abord, des renseignements complets sur la profession que vous abordez. Les bonnes places sont rares et disputées. Il y a, dans la Ville-Lumière, dix mille acteurs ou figurants de ciné sans emploi-. Ils vivent, tant bien que mal, de « métiers d’attente ». De temps à autre, il leur échoit un cachet de cinquante oude soixante francs par jour. Mais ces bonnes aubaines se comptent sur les doigts. Et les pauvres alouettes, prises au miroir du ciné, connaissent souvent une misère atroce. C’est parmi tout cela qu’il faut se créer un chemin, si l’on veut réussir. Vous voyez que ce n’est pas chose aisée.
Voilà, sans doute, de dures vérités. Mais il importait qu’elles fussent dites. Et je n’aurai point perdu mon temps si j’ai dessillé les yeux à quelques-uns de ceux qui se destinent à un art dont ils ignorent l’envers et se préparent ainsi d’amères désillusions. FRED.
LES ARCHIVES ANIMÉS
Sous ce titre, notre confrère « La Nation Belge » préconise l'instauration à Bruxelles d’une bibliothèque internationale du film qui serait une belle réserve d’archives pour l’avenir.
« Bruxelles, dit l’auteur de l’article, capitale de notre minuscule pays, devrait tendre, pour reculer ses frontières, à devenir le syndicat de tous les groupements d’initiatives intellectuelles de la planète. Syndicat noble entre mus! Dès lors, ces bornes qui nous font nommer en souriant: les petits Belges! s’élargiraient à rinfind.Et pourquoi pas? Pourquoi ne pas reprendre entre d’autres, et encore d’autres idées nouvelles, celle, magnifique, de ce
palais qu'on ne connaît pas assez et devenir la capitale idéale des mouvements collectifs en avant? Notre situation géographique centrale unique, notre position morale incomparable, comment n’en pas profiter? Et dans la branche restreinte d’activité qui est notre spécialité. que n’y a-t-il pas à tenter?
» Puisse la Bibliothèque internationale du Film s’établir à Bruxelles et non seulement sur fiches mais effectivement, par suite d’un arrangement spécial avec chacune des nationalités qui y conserverait ses documents filmés ou. leurs doubles, inamovibles sans sa permission, mais servant à réunir en un ensemble l’histoire moderne de l'humanité. »
• s /z'lm documentair1'
La leçon des choses, par la photographie animée, pour les jeunes cerveaux comme pour ’es esprits mûris, c’est encore le moyen le plus pratique de s’inculquer des connaissances.
On a dit avant nous, que le théâtre était destiné à faire place entièrement à l’écran, dans un avenir relativement rapproché; et dans un même ordre d’idées, on a dit l’inutilité de nombreux traités de science, quand le film pédagogique se sera adapté aux exigences des programmes d’études.
En attendant que se forment des cinéthèques municipales et scolaires, où tous les avides de savoir pourront recueillir une documentation aisément assimilable, il sied de féliciter lefc éditeurs de production cinématographiques qui ont compris que toute actualité scientifique devait être relevée par l’objectif, pour servir la cause de l’enseignement. Dans cet ordre d’idées, des prises de vues comme celles faites au cours du Voyage du due de Con-naugh aux Indes, ou de l’Expédition Shackle-ton au Pôle, nous paraissent des documents d’inestimable valeur.
11 en est de même d’une production cinématographique dont on annonce la parution ces derniers mois, et qui traite des Grandes chasses de la faune africaine.
Rappelons que c’est à l’explorateur Louis Smith que nous sommes redevables de ce précieux apport. Deux ans, fusil en mains et appareil braqué, l’intrépide chasseur explora le continent noir dans le seul but de révéler au monde la vie de la faune équatoriale. 11 gagna les brousses sauvages, les plateaux herbeux, les forêts vierges à travers lacs, rivières tumultueuses et torrents en furie.
Smith partit à la tête de 150 hommes et resta deux ans au sein des dangers. Et l’écran nous fait assister à ses chasses, mouvementées, et nulle parole ne peut peindre l’angoisse étreignant le spectateur à la vue des périls connus par ces héros.
Ils s’attaquent à des animaux assez peu dangereux pour commencer; gnous, pélicans, oryx, girafes, kongonis, zèbres, ibis, antilopes, hyènes, chacals; mais ensuite, ils tuent ou capturent des bêtes infiniment plus redoutables, et cette partie est de beaucoup la plus intéressante du film; nous les voyons successivement aux prises avec des hippopotames, éléphants, serpents pythons, rhinocéros, etc.
Des scènes de la vie des indigènes s’intercalent dans ce film et en font un documentaire de premier ordre; c’est ainsi que nous voyons les hommes de la troupe se régaler de moelle
de girafe, recueillir, faire sécher et clarifier le sel, danser, etc.
Louis Smith a rendu un grand service à la scienee en organisant cette expédition et a doté la cinématographie d’un film remarquable que tout le monde devra voir.
Louis Smith a ajouté un volume nouveau à la cinéthèque pédagogique mondiale. Quand demain, chez nous, comme en Allemagne, en France, en Suède, on se préoccupera de manière active à rassembler les matières propres à instruire par le film, l’œuvre de Louis Smith figurera en bonne place parmi les plus importantes productions documentaires. EMKA.
A travers la Presse
Innovation.
On mande de Port-Saïd que les passagers du ' paquebot Ormonde, cinglant vers l’Orient, purent assister en pleine mer à une séance de cinéma à bord.
L’écran avait été tendu entre l’un des mâts et les agrès et les spectateurs firent un vrai succès au défilé des actualités de la semaine.
Cette exécution des représentations cinématographiques en mer, paraît une heureuse adjonction au programme des distractions offertes jusqu’ici aux passagers de toutes classes, entreprenant des voyages. .
(Le Courrier cinématographique.)
Films guérisseurs.
M. Winik ayant constaté combien étaient excellents sur le public les effets d’un non rire, a voulu en étudier aussi l’efficacité sur des malades. En conséquence, il a généreusement arrangé de donner à l’Hôpital Juif des Incurables, aux Sept Sœurs, une séance de cinéma. Les malades eurent d'abord un excellent dîner, puis M. Winik leur fit remettre à chacun une petite brochure dans laquelle il leur demandait de se souvenir que leur volonté
devait contrôler leurs maux. En somme, M. Wi-r.ik leur prêchait la science chrétienne. Puis vinrent les films attendus... et le grand guérisseur fut Chariot.
Devant les bons résultats obtenus, c’est-à-dire la tristesse un moment bannie de ce milieu de souffrance, M. Winik a pris la résolution de poursuivre son œuvre, et une autre joyeuse entrée aura lieu le 23 courant et sera suivie d’une véritable série.
C’est un noble effort, et une voie nouvelle ouverte au cinéma.
(Le Courrier cinématographique. )
Victime du devoir.
Mme Berthe Dagmar, aimable artiste de cinéma, a été victime dernièrement à Nice d’un accident, en tournant un film composé par son mari, et dans lequel figuraient deux panthères.
Au milieu de l’action, l’un des fauves se précipita sur l’artiste et la mordit grièvement au cou et à la tête.
M. Marcel Marceau, qui « tournait » avec la blessée et le docteur Fianchi, eurent beaucoup de mal pour la dégager. Mme Berthe Dagmar, dont l’état est grave, est soignée à son domicile.
(Le Courrier cinématographique.)
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